Le guerrier impeccable agit sans attendre de résultat de son action. S’il n’agit que pour en récolter les fruits, il s’expose à de graves déconvenues. S’il n’agit pas, il est mort : le temps le plie et le jette au loin. S’il agit sans conviction, il ne vaut guère mieux. Le guerrier qui agit avec une parfaite impeccabilité met toutes les chances de son côté. Mais ça ne suffit pas à garantir le résultat.
En la matière, la réussite n’est jamais assurée. Par contre, si le guerrier manque d’impeccabilité, l’échec, lui, est assuré.
Impeccabilité + Intention + Absence d’attente
Tel est le trio favorable. Mais pas forcément gagnant !
Seul le scientifique croit que le respect de la procédure garantit le résultat. Il sait que la rigueur du raisonnement et le calcul juste donnera forcément une solution exacte. Cette confiance mécanique n’est valable que dans le monde de la logique, celui du mental, celui de la matière. Dans le monde de l’Esprit, celui de l’Énergie et de l’Intention, il n’en va pas de même. Aucun raisonnement ne signifie quoi que ce soit pour l’Esprit tout puissant.
Castaneda résume tout ça dans cette phrase qui brille au cœur de tout guerrier. Agir pour agir. Agir parfaitement, en conscience, avec intention. Mais sans attendre de résultat. Ici bas, s’agissant de l’Esprit, rien ne nous est dû. Ailleurs non plus.
L’Esprit est insaisissable parce qu’il est immatériel.
Inaltérable parce qu’il est immatériel.
Immortel parce qu’il est immatériel.
La matière est notre prison. Le corps physique est un boulet, parfois. Mais sans lui, sans les corps subtils qui l’entourent et lui apportent la sage puissance de l’aura, nous ne pourrions pas connaître l’éveil.
« Le but du chemin du guerrier est de détrôner la suffisance ». Fille aînée de l’ego, la suffisance n’est rien d’autre que l’apitoiement sur soi-même. Déguisé mais très reconnaissable. On se prend pour le pauvre petit canard, on se répète qu’on n’a pas ce qu’on mérite, on se lamente de rester incompris.
« L’apitoiement sur soi-même est le véritable ennemi intérieur. Il est la source du malheur de l’homme. Sans un certain degré d’apitoiement sur soi-même, l’homme ne pourrait pas se permettre d’être aussi suffisant qu’il l’est. En éloignant notre point d’assemblage de sa position habituelle, nous atteignons un état qui ne peut être qualifié autrement que par le terme d’implacabilité. Pour un sorcier, l’implacabilité n’est pas la cruauté. L’implacabilité est le contraire de l’apitoiement sur soi-même et de la suffisance. L’implacabilité est la sobriété. » (source)
Implacable signifie sans concession. Sans apitoiement ni sur soi ni sur autrui. Implacable veut dire au delà du monde oridinaire — qui n’existe pas. Tout est extraordinaire pour qui garde son cœur d’enfant. Tout est banal pour qui vit à crédit.
Le guerrier puise sa force dans le silence intérieur. Cette vacuité mentale lui donne l’énergie dont il a besoin. Mais dans un monde si égotique, si bruyant, le vacarme intérieur est la norme. Y cultiver le silence intérieur peut mener à l’exclusion, au chagrin, à la folie. Qui refuse la raison s’y expose à chaque instant. Or le guerrier suit un chemin parallèle au chemin de la raison. Parallèle aussi à celui de la folie.
La folie contrôlée est la voie du milieu entre raison pure et pure folie. Elle suppose de la part du guerrier un contrôle parfait et un lâcher-prise tout aussi complet. Si tu restes verrouillé, si une seule griffe refuse de s’ouvrir en toi, si tu t’accroches à quoi que ce soit, si peu que ce soit, ton projet échouera. Mais si tu te contrôles et tu lâches prise, le résultat peut venir… mais il n’est pas garanti.
Il faut agir sans cesse, sans espoir, sans y croire mais sans cesser d’y croire. Agir sans attendre de résultat de son action, telle est la voie du guerrier. Le bushidō.
« Bushidō est un mot japonais signifiant littéralement la voie du guerrier. Bushi signifie brave guerrier et dō est la voie (= judo, aikido). Le bushidō est le code des principes moraux que les guerriers japonais (samouraïs et bushi) étaient tenus d’observer. » (wikipedia)
Attention à ne pas se prendre pour un samouraï. Le samouraï œuvre dans la matière. Le guerrier pacifique œuvre au-delà. Dans l’impalpable et pourtant vital. Dans l’inconnaissable et pourtant fascinant. Il faut donc adopter un bushidō sans code, sans principes, sans moralité. Un bushidō désincarné, désincarcéré, dématérialisé. De celà aucun samouraï n’est capable.
Quel résultat attendre de tes actions ? Aucun. Mais tu dois agir tout de même. Agir n’est pas obtenir. Agir n’est pas avoir.
« Tous nos actes sont inutiles, et malgré tout nous devons faire comme si nous ne le savions pas. C’est ça la folie contrôlée du sorcier. » (source)
Note : Il existe pour Carl Jung une troisième sorte de folie qu’il appelle la folie divine.
« Un guerrier est impeccable s’il a confiance en son pouvoir personnel, qu’il soit insignifiant ou considérable. » (source) Tout est dit. Ton impeccabilité s’appelle confiance en toi. Non pas confiance dans ton ego de merde, plus vite il te lâchera, mieux tu te porteras, et plus longtemps tu vivras. Confiance dans ton moi supérieur, ton double éthérique, ton âme, ton dieu intérieur, l’esprit saint, ton ange gardien ou quel que soit le nom que tu TE donnes.
« Un guerrier agit comme s’il savait ce qu’il faut faire, alors qu’en réalité, il n’en sait rien, » dit Juan Matus. Il répète plusieurs fois la phrase pour que Carlos s’en souvienne. Le pouvoir personnel du guerrier est réel, mais ne justifie pas la suffisance. (source)
Croire en ton pouvoir est important. Mais à double tranchant. Ne va pas t’illusionner non plus sur ta puissance. Savoir que tu as un pouvoir personnel, sans exagérer, en le banalisant, mais le savoir toujours. Et te voilà prêt à comprendre les dix clés de la sorcellerie.
La sorcellerie dont il est question dans ces pages n’est pas diabolique. Elle n’a rien de négéatif, bien au contraire. Mais elle est rarement comprise pour ce qu’elle est. Je connais ici, à Erquy, un sorcier de village. Jamais il n’envoie de sort, jamais il n’invoque les entités négatives. Il ôte les blocages, guéri les bobos, soulage les douleurs. Chaque bourg de Bretagne possède son sorcier guérisseur. Je pense qu’il en est ainsi dans toute la France.
Une amie de Suisse m’avait un jour montré un annuaire de plusieurs centaines de pages qui s’intitulait Les guérisseurs du Valais. Une si longue liste pour un seul canton suisse, je n’en revenais pas ! Chez nous ça n’étonne personne, m’a-t-elle répondu. Chaque hôpital possède un pool de guérisseurs, plusieurs par service, afin que les toubibs puissent faire appel à celui qui convient, spécialiste de la tête, des membres ou autre, afin de l’aider à soulager ses patients.
Eh ben ! Pas chez nous ! En France les guérisseurs sentent le soufre. On doit se planquer pour éviter les flammes du bûcher et les tortures de l’Inquisition. En attendant, voici les dix clés de la sorcellerie — mot qui fait peur, réalité qui fait du bien.
Première clé : réenchanter le monde.
Deuxième clé : maîtriser le déplacement du point d’assemblage.
Troisième clé : notre cerveau nous trompe.
Quatrième clé : l’image que nous avons du monde n’est pas la réalité.
Cinquième clé : la réalité n’existe pas, elle résulte d’un consensus.
Sixième clé : rêver est plus réel que la vie quotidienne.
Septième clé : apprendre à gérer les sorties de corps.
Huitième clé : pratiquer la récapitulation pour se souvenir de la totalité de soi-même.
Neuvième clé : acquérir et conserver la vitesse intérieure.
Dixième clé : entrer dans sa lumière intérieure. (source)
Les guerriers du Nagual ont découvert le moyen de libérer le point d’assemblage. Il faut d’abord stopper le monde. Pour y parvenir, il y a deux conditions nécessaires et suffisantes. Effacer son histoire personnelle. Se débarrasser de l’inventaire humain. Hélas, nous sommes aussi bruyants dedans que notre monde l’est dehors.
Deviens comme un lac insondable dans son écrin de montagnes. En lui règne le calme. Fais de même. Fuis les gens bruyants, les endroits infestés d’humains. Dans la solitude des cimes, tu trouveras cette paix que tu cherches. Dans l’infini astral de cette immensité là-dehors, tu te retrouveras. À celui qui se connaît dans la totalité de être, tout devient possible.
« Sois un guerrier, fais taire ton dialogue intérieur. Dresse ton inventaire, et jette-le. Les nouveaux voyants dressent des inventaires précis, puis s’en gaussent. Débarrassé de l’inventaire, le point d’assemblage se libère. » (source)
Sur son chemin d’impeccabilité, le guerrier doit s’efforcer d’effacer son histoire personnelle. Il oublie peu à peu tout ce qui a constitué son passé, les faits, les lieux et les personnes, toutes celles qui ont compté pour lui.
Les chéries, les fiancées, la famille, les enfants, les potes, les copains, les boulots, les patrons, les collègues, les combines, les vacances, les voyages, tout ce qu’il a fait, ce qu’il a entendu, ce qu’il a vu, ce qu’il a vécu, tout, il oublie tout. Au terme de ce travail sur lui-même le guerrier impeccable a effacé son histoire.
Quel est le but de la manip ? Un travail aussi dur, aussi total, sans savoir pourquoi on l’entreprend ? Carlos Casteneda nous recommande d’effacer notre histoire personnelle, un point c’est tout. Les explications viendront plus tard, de la bouche d’une autre guerrière du Nagual prénommée Florinda. Carlito justifie ce travail d’oubli par cette simple phrase : c’est une condition nécessaire pour le guerrier de lumière.
Est-ce une condition nécessaire et suffisante ? J’ai l’air de déconner, je suis atterré. Effacer son histoire personnelle ?? Difficile d’y parvenir totalement. Ça implique de rompre toutes nos attaches affectives, parents, enfants, amis d’avant… Ce qui ne fait pas bon ménage avec le chemin qui a du cœur. (source)
De plus, c’est en contradiction flagrante avec la nécessité impérieuse de récapituler sa vie entière dans ses plus infimes détails pour en donner un fac-similé à l’Aigle. C’est le prix à payer pour lui échapper.
Je ne crains rien, pour pouvoir me souvenir de moi-même.
L’Aigle me laissera passer, serein et détaché, jusqu’à la liberté.
La vérité est toute autre. Il se trouve que Carlito avait une sale relation avec la mère d’un certain petit garçon, son propre fils, qu’il avait abandonné sans scrupules. Juan Matus ne manquait pas une occasion de lui rappeler. Pour Carlos, ça lui entrait dans une oreille pour aussitôt ressortir par l’autre. Mais à la longue, les reproches de son benefactor lui ont user les nerfs, alors il a inventé cette clause qui le dédouane. En effaçant son histoire personnelle, il efface les remords qu’il n’a jamais eu. Sa suffisance hypocrite peut lui décerner le titre de guerrier impeccable…
Pauvre ruse pour un triste sire. Castaneda n’a pas assuré sur ce coup-là…
Cette immensité là-dehors, ainsi Juan Matus évoque l’astral infini. Ces mots m’ont toujours fait rêver. Ils décrivent parfaitement l’indescriptible. Ils sont tout ce que j’aime chez Castaneda, ou plutôt chez Don Juan. La pertinence, le vertige et la sobriété. Peu de mots suffiraient… si Carlos n’était pas si bouché !
Cette immensité me hèle et m’interpelle. Xavier ! Viens me voir ! Viens jouer avec moi ! Qui faut-il croire ? La Source est muette. Les dieux sont morts… ou presque. Celui ou celle qui parle dans ma tête, qui est-ce ? Quel est son nom, son but ? Qu’attend-il de moi ? Vient-il pour m’aider ou pour me garder prisonnier ? Il est utile que je le sache enfin.
J’ai erré dedans bien souvent. Ai-je rêvé ? Est-ce un nouveau piège qu’on me tend ? Suis-je couché dans un sarcophage bio-électronique, alimenté par sonde gastrique, totalement inconscient, maintenu en vie végétative par la Matrice ? Franchement je me sentirai mieux si tous ces veilleurs ne nous avaient pas à l’œil 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Prison. Nous sommes dans une prison d’où il est impossible de s’échapper vivant. Nous n’en sortirons que les pieds devant. Si nous ne sommes pas effacés avant… (source)
« Le pouvoir qui gouverne la destinée de tous les êtres vivants s’appelle l’Aigle, non que ce soit un aigle, ou qu’il soit lié en quelque manière à un aigle, mais parce qu’il apparaît au voyant sous l’aspect d’un aigle immense, noir de jais, dressé à la manière d’un aigle, sa hauteur atteignant l’infini.
Tandis que le voyant contemple le noir qu’est l’Aigle, quatre explosions de lumière permettent au voyant de voir à quoi l’Aigle ressemble. La première explosion, qui est comme un coup de foudre, aide le voyant à distinguer les contours du corps de l’Aigle. Il y a des taches de blancheur qui évoquent les plumes et les serres d’un aigle.
Un second coup d’éclair révèle le noir battant, créant du vent qui ressemble à des ailes d’aigle. À la troisième flambée de lumière, le voyant est placé en face d’un œil perçant, inhumain. Et le quatrième et dernier feu dévoile ce que fait l’Aigle.
L’Aigle dévore la conscience de toutes les créatures qui, vivantes sur Terre l’instant d’avant et désormais mortes, ont flotté jusqu’au bec de l’Aigle, comme un essaim ininterrompu de lucioles, à la rencontre de celui qui les possède et qui est leur raison d’avoir acquis la vie. L’Aigle dénoue ces flammes menues, les met à plat comme un tanneur étend une peau, puis il les consomme — car la conscience est l’aliment de l’Aigle.
« L’Aigle, ce pouvoir qui gouverne les destinées de tous les êtres vivants, est le reflet de toutes les choses vivantes — de la même manière et en même temps. L’homme n’a donc aucun moyen de prier l’Aigle, de lui demander des faveurs, d’espérer miséricorde. La partie humaine de l’Aigle est trop insignifiante pour exercer un effet sur le tout.
C’est seulement à ses actes qu’un voyant reconnaît ce que désire l’Aigle. L’Aigle, quoique insensible aux conditions de toutes les choses vivantes, a accordé un don à chacun de ces êtres. Chacun d’eux, à sa manière et dans sa mesure, possède s’il le désire le pouvoir de conserver la flamme de la conscience, le pouvoir de désobéir à l’ordre de mourir et d’être consommé. Chaque chose vivante, si elle le désire, a reçu le pouvoir de rechercher une ouverture. Pour le voyant qui voit l’ouverture, ou pour les créatures qui la franchissent, il est évident que l’Aigle a accordé ce don afin de perpétuer la conscience.
« Afin de guider les choses vivantes vers cette ouverture, l’Aigle a créé le Nagual. Le Nagual est un être double à qui la règle a été révélée. Qu’il soit sous la forme d’un humain, d’un animal, d’une plante ou de tout autre vivant, le Nagual est poussé, du fait même de sa dualité, à rechercher ce passage caché.
La suite ici : Le don de l’Aigle
J’ai déjà reçu le pouvoir qui gouverne mon destin,
Je ne m’accroche à rien, pour n’avoir rien à défendre.
Je n’ai pas de pensées, pour pouvoir voir.
Je ne crains rien, pour pouvoir me souvenir de moi-même.
L’Aigle me laissera passer, serein et détaché, jusqu’à la liberté.
~~ Carlos Castaneda
Anna, sainte-vierge et Déesse-Mère, vit depuis si longtemps qu'on a oublié son âge.
En 1989, une idée géniale a sauvé mon agence de communication qui battait de l'aile...
C'est admirable ce que tu fais. Tu me permets d'avancer le gigantesque puzzle d'Eden Saga.
Petit ou grand, un puzzle se commence par les bords, les pièces sont plus faciles…
Deux siècles après sa mort, Heine reste un écrivain discuté, surtout dans son propre pays.
Dépêchez-vous, mangez sur l'herbe, un de ces jours, l'herbe mangera sur vous. (Jacques Prévert)