Nuit noire de l’âme

 

« Non. Je n’y comprends rien. Perdu dans le brouillard au fond d’une nuit sans lune. Devant moi je ne vois rien. Derrière moi je ne me souviens de rien qui explique quoi que ce soit. Sans trop d’illusion, je tâtonne en aveugle pour trouver le chemin. Vers où? Pas la moindre idée.

 

L’âme à nu

Où ? Quand ? Comment ? Je ne sais pas qui je suis, d’où je viens, où je vais. Je ne sais pas pourquoi je suis ici, dans ce corps de femme, à l’époque où nous sommes. Y a-t-il une raison ou pas ? Ai-je quelque chose de spécial à faire ? Pas une mission, juste quelque chose qui explique pourquoi je suis ici et maintenant…

Et mon boulot m’insupporte, j’y étouffe. J’ai réussi à me débarrasser de la peur, c’est derrière moi. Mais la clarté n’est pas venue. Et ça n’est pas pour demain. »

Mot à mot, voilà ce que tu m’as écrit hier soir. Chaque mot éveille en moi une foule de souvenirs, dans chacun d’eux tu te tiens toute entière. Là où tu te crois dans le brouillard le plus opaque, je te vois sous un projecteur / poursuite de 3 kW. Un type de projo qui n’existe pas encore : des rayons X pour l’âme.

Ici tu es nue, non de corps, mais toute nue dans la lumière du Soi. Je vois ton âme à nu. Je vois le Soi en toi. Je te vois.

Et si tu te voyais aussi bien que je te vois, tu serais prête à affronter le deuxième ennemi du guerrier: la clarté. Tu évolues dans une telle clarté qu’il est bien surprenant qu’elle n’éclaire pas ta route et les profondeurs de ton âme.

 

 

L’âme et toi

« À cette époque, j’étais encore entièrement prisonnier de l’esprit de ce temps. Je parlais beaucoup de l’âme, je connaissais plein de mots savants sur elle, j’en ai fait un objet de science. Mon âme ne peut pas être l’objet de mon jugement et de mon savoir : c’est mon jugement et mon savoir qui sont l’objet de mon âme.

C’est pourquoi l’esprit des profondeurs m’obligea à parler à mon âme, à l’invoquer en tant qu’être vivant, existant par lui-même. J’avais perdu mon âme. Pour l’esprit de ce temps, l’âme est une chose qui dépend de l’homme, qui peut être jugée et classifiée, et dont nous pouvons saisir l’ampleur. » (source)C.G. Jung, Le livre rouge, Liber Primus, fol II 

Certes, pour l’esprit des profondeurs, c’est tout autre chose : ton âme n’est pas à toi, nous dit Jung, c’est toi qui lui appartiens. « Il a donc fallu que je parle à mon âme comme à quelque chose de lointain et d’inconnu qui n’existe pas par moi mais par qui j’existe. » (lire la suite)

 

L’esprit des profondeurs

Carl Jung oppose deux formes d’esprit qui dirigent nos comportements : l’esprit du temps et l’esprit des profondeurs. Selon Jung, l’esprit des profondeurs n’obéit pas une règle écrite, ni conçue par les hommes. La règle qui l’anime ressemble à la Règle non-écrite dont parle Castaneda, que tout guerrier possède en lui, et qui est le coeur de la philosophie du Nagual. Jung vient juste de découvrir cette opposition, ou complémentarité, entre les deux formes d’esprit. L’esprit des profondeurs ne s’était pas manifesté en lui avant cette époque.

Il y a une explication à cela. Quand il écrit son Livre Rouge, Carl Gustav Jung vient de passer le cap de la quarantaine, et cet âge n’est pas anodin. A l’âge de 42 ans, si l’on en croit la tradition druidique, vient la sixième et dernière initiation. La première intervient à l’âge de 7 ans, les autres se suivent ensuite tous les sept ans. La sixième initiation, à 42 ans, consacre la maturité spirituelle. A partir de là, l’être est complet. Mais son royaume n’est plus de ce monde. Ainsi sont les grands initiés.

 

 

Maison-Dieu

Eh oui, tu es lumineuse et tu ne le sais pas encore. Tu n’évolues pas seulement dans la lumière blanche, tu es cette lumière blanche.

Pour le tarot de Marseille, la Maison-Dieu figure l’ouverture du dernier chakra, la couronne, ou fontanelle. La fontanelle ouverte, l’initié est relié à l’Esprit. On dit qu’il est éveillé. Pourquoi ce nom de Maison-Dieu ? À cet arcane, la couronne de l’ego tombe, une fois pour toute, et c’est l’éveil. D’un coup, l’être se trouve relié au grand tout. Il est enthousiaste, ce qui signifie « ravi en Dieu ». C’est pourquoi l’arcane XVI porte un tel nom. La Maison-Dieu, c’est le corps humain transfiguré par l’éveil, qui retrouve ses pouvoirs perdus ; l’homme libre, le nouvel Adam est enfin semblable aux dieux qui l’ont fait. (lire la suite)

 

La lumière intérieure

Telle l’éclair qui tout illumine, blanche est-elle comme l’éveil est blanc. Comme une cartouche à blanc. L’éveil surprend, il fait du vacarme, l’espace d’un instant l’éveillé se croit mort. Mais il n’a pas peur. L’éveil est une balle à blanc. La poudre du pétard mouillé ou le feu d’artifice du 14 juillet. On s’illumine. On attend le bouquet final.

Eclatant, il viendra en son temps. Les nouveaux éveillés sont si impatients! Le bouquet viendra pour le deuxième degré de l’éveil.

« Au deuxième degré de l’éveil vont affluer les premiers dons, les plus spectaculaires, comme le don de guérison, ou les dons d’hyper-sensibilité, de méta-perception. Transmission de pensée ou télépathie, tierce oreille ou claire-audience, troisième œil ou clairvoyance, etc.

S’ouvrir au monde, c’est ce qu’on voit sur l’arcane XVII du tarot, l’Étoile. Une jeune femme, pure et nue, verse son eau dans l’eau du Vivant. La vérité et la lumière qui l’habitent la rendent aussi pure que la nature. Aussi vraie. Aussi lumineuse. L’Étoile ne garde pas son éveil pour elle. Elle verse son eau, devenant pour les autres une nouvelle source de lumière et de vérité.

Stade où le compagnon devient maître. Stade où il réalise son chef d’œuvre que le Vivant respectera. » (lire la suite)

 

 

Nouvelle

Une énergie nouvelle se diffuse dans tes veines. Tu fais des sorties de corps, des vols astraux dans des rêves contrôlés, ce n’est pas encore la pleine conscience, mais c’est déjà plus guerrier que l’inconscience habituel de tes rêves ordinaires. Tu t’en souviens au réveil, ton voyage te revient tout clair, sois le bienvenu dans la réalité non-ordinaire.

Même si tu ne comprends pas tout ce qui se joue à présent, très bientôt tu connaîtras la vérité. Cette nouvelle réalité qui te semble irréelle est la seule qui soit vraie. Bien réelle. Tu l’atteins par le chemin du rêve lucide.

 

Sommeil

Extinction des feux. Je me suis interrompu pour couper le lien de communication qui nous unissait. La personne s’est endormie. Et tandis que je lançais les imprécations qui devait laver son corps profond, libérer son âme captive, trancher les filets, les câbles, les cordes et les filins qui la reliaient à sa parentèle, à ses ancêtres, à sa lignée vivante, interminable, la personne est passée de vie à trépas.

Elle a connu le nettoyage post-mortem, la toilette du croque-mort, l’eau jaillie de la pompe funèbre. Tout autour de la personne fraîchement décédée pleurait une foule énorme qui grossissait sans cesse, et larmoyait, et psalmodiait, guidée, stimulée, portée par ma voix d’outre tombe, hurlante sirène qui colle la peine et les joies, la mort et les vies, les deuils et l’en-vie, adhérente ma voix glu, perçante ma voix pour être entendue par les morts eux-mêmes.

Terrible est son écho ! Il peut tuer les vivants impurs, dégommer les gommeux, dézinguer les zingueurs, déniaiser les niaiseux, décarrer les carreaux, décapiter les capiteux. 

 

 

Félicité

Rien ne t’a préparé pour la grande fête des retrouvailles, parce que personne ne peut s’attendre à de telles félicités. Qui durent et s’amplifient d’un bout du ciel à l’autre. Qui te prennent par la taille et te taille un crayon, tu te tailles et te fond dans la nature épaisse, tu te réjouis sans cesse, et tu sens la caresse d’un doux zéphyr d’été, être ou l’avoir été, le sursis répété de ton rire émietté m’attise et je me tais.

Emmène-toi par la main par les voies et chemins qui t’ont mené si loin, si bien, et tiens, prends cette gourde, mets-y les souvenirs qui te sont revenus, les vieux amours déçus, tous les « si j’avais su!« , les géants inconnus, les démons malvenus et les fées ingénues. Mets-y aussi, c’est le plus important, le démon importun qui te diminue tant. Il y sera chez lui mieux que dans tes viscères. C’est l’objet de la gourde et pour ça qu’on s’en sert.

 

Avec des scies

Si j’avais su ! Si j’avais vu ! Si quelqu’un m’avait dit ! Si j’avais choisi l’autre voie ! Si seulement ! Si j’étais moins stupide ou si je ne l’étais plus, en saisissant ces scies j’aurais coupé Paris et mis en bouteille. Non, réponds-je. Tu confonds. C’est ton mauvais démon qu’il faut emprisonner. Et plutôt dans une gourde. Ou dans une lampe magique. Sinon pourquoi te donner tout ce mal? Oh, fit-il, très subtil : c’est que le bien n’est pas ici. Ne bougeons plus. Restons assis.

Sensible comme il est, laissons-lui quelques jours. Souhaitons-lui les atours d’un roi, l’élan d’un cerf, la couronne aux genoux, le trône aux cabinets. Qu’il y fasse à loisir ce qu’on y fait : qu’il pousse. Quand il aura grandi de quelques décamètres, pensons à lui panser ses genoux écorchés.

 

 

Hypothèse

Avec la présence d’esprit d’un maître d’armes, je brandis l’hypothèse : cette peur ? ce malaise aigu qui survient dans mes reins ? une angoisse d’enfant, tirée d’un cauchemar, me prend de temps en temps. De plus en plus souvent. Je n’y vois pas trop clair. Je sais qu’elle est profonde et pourtant étrangère. Il faudrait me traduire cette horrible pression, la crainte informulée qui saisit mon menton, qui m’étire le nez, l’oreille et qui m’agace.

Insolente impression d’inévitable. Horreur sans nom, sans image, sans réalité même. Je nage. Je surnage et soudain fais naufrage. Tout à coup le voyage a révélé mon âge et je sors de ma cage en simple anthropophage. Je me pends aux cordages, je m’attise aux ramages, mon corps est de passage et mon âme en bagage.

Suis-moi, sois moi et tu t’en sortiras indemne, sans dilemme, comme on aime avec les dents serrées. Dansez ré. Chantez do. Voyez si. Goûtez la. Touchez sol. Soyez fa. Love me.

 

Intention

Innéité d’une impression tenace, qui vient d’avant, de la conception, des gonades, que sais-je ? Est-ce toi qui me l’a refilée, cette terreur enfantine qui ne m’évoque rien ? Vient-elle de la malignité qui t’habite et contre laquelle tu ne peux rien ? Que tu crois ! Tu peux tout s’il s’agit de toi, rien s’il s’agit du Soi. Fais ton choix.

Soi disant, sois distant, swadhistan, prends ton temps. Ne vas pas répondre à la légère, on s’en fout d’elle et de son poteau laid. Notre légère ainsi troussée peut bien prétendre ce qu’elle veut, on s’en tape tous les deux, mon chti vieux. Pas d’accord ?

 

Soukhistan

T’es gonflé! T’as du cul! T’as vu le soukh que tu me fais? Ça commence à me gonfler. Détestable atmosphère! Atmosphère? Ai-je une tronche d’atmosphère? Je t’en foutrais d’ersatz noce fer! Nosfer as-tu le vend pire? Tu fais iech, t’as pas la réf.

On dira ce qu’on voudra, ya pas pire con que celui qui n’est pas baisant. Je ne tolère que les cons qui baisent. Question de principe élémentaire. Elle aime en terre, la garce! Fous-lui donc la paix cinq minutes. Tu vois bien qu’elle est un dix posé. Fous-la tranquille, ou ça va saigner. » (source)Les violences qu’on jugule, par Jean Caisse et Ella Bondot

Inutile d’insister, sister. Rien à brosser, brother.

 

 

Là et las

…et je suis là, triste et misérable, aimant des tas de gens qui m’oublieront dès qu’ils auront reçu de moi ce dont ils pensent avoir besoin, empêtré dans des liens navrants, périmés, obsolètes et grinçants; elle m’a aimé trois ans à sa façon, sans le cœur, il va pousser plus tard — puis elle s’est lassée…

…ma compagnie étant une habitude, elle a poursuivi ses visites, tantôt gentille, tantôt hideuse, et j’ai tout pris avec respect : je l’aime d’une façon dont on n’a pas idée à son âge, comme on aime la vie, comme on aime l’honnêteté, comme on aime les défis — amour inconditionnel, c’est le terme à la mode… 

…hier c’était don de soi, et demain on dira autrement, persuadé d’inventer quelque chose d’inédit — « Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent » — La Bruyère a raison sur le fond, sauf une toute petite erreur de quatre milliards d’années…

…et là je me trompe à mon tour : il y avait déjà des hommes qui pensent et font des expériences depuis bien avant la création de ce multivers, puisque des hommes en sont les auteurs — les dieux sont des hommes comme les autres et les Déesses sont leurs mères à tous, comme elles sont les nôtres, du coup…

adieu la peine et le plaisir adieu les roses
adieu la vie adieu la lumière et le vent
marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
quand tout sera fini plus tard en y rêvant

(Louis Aragon)presque…

 

 

Secrets de guérison

 

Xavier Séguin

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Xavier Séguin

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