Chance n’est pas hasard. Le hasard n’existe pas, mais la chance est réelle. Tout ce qui arrive est voulu. Par qui? Réfléchis. Il y a quelqu’un qui me veut du bien, mais c’est rare. Le plus souvent ce quelqu’un-là n’en a rien à foutre de moi. Il m’ignore, il m’oublie. Et j’en chie. Faut y aller, j’avance dans le morne, j’épouse le bancal, les couilles en éventail.

Le hasard n’existe pas. Tout ce qui arrive est voulu.

Bouddha

 

Un coup de pouce?

En faut-il, des coup de pouce, ou doit-on se débrouiller seul? Tu sais ce que je pense de ceux qui demandent de l’aide alors qu’ils pourraient très bien s’aider tout seuls. Toujours est-il que le nagual Juan Matus, le benefactor de Castaneda, évoque ce centimètre-cube de chance, cette opportunité qui ne se reproduira pas et que le guerrier avisé doit saisir par les cheveux. Méfie-toi. Les soyeux cheveux longs de la chance ont été tondus ras. Il s’agit de les agripper quand même. Je suis là pour ça.

Je distribue cette chance, cette toute petit chance qui te manque pour devenir ce que tu es de toute éternité, et ce pour quoi tu t’es incarnée. Te réaliser toi-même dans ta perfection, développer l’une après l’autre toutes les graines divines qui sommeillent en toi, devenir l’égale des dieux d’avant en prenant garde de ne pas te prendre pour la Déesse!

Les hommes inachevés se prennent pour Dieu. Ils perdent la raison et sautent dans le vide. Et ils s’écrasent sur le roc dur de leur infrangible ego. C’est ce qui a perdu C. Castaneda, tout comme mon propre benefactor JCF. L’ego est une aide précieuse doublé d’un foutu fardeau. Dans ta quête vers la lumière, il t’handicape. Apprends, comme le chevalier St Georges, à le tenir à distance au bout de ta lance.

On consacre la première moitié de sa vie à se forger un ego solide, et la seconde moitié à s’en débarrasser.

Carl Gustav Jung

 

Un coude pousse

La triche est partout. L’arnaque te traque et tu craques. Les menteurs sont à la hauteur. Ils te bourrent le mou, tu joues dans leurs combines. Leurs plans foireux parlent pas pour eux. Fuis-les comme on fuit l’incendie. L’un sans dieu.

Regarde bien la dame avec sa balance. Justice est son blase. Chiffonnée des genoux, la madame. Aveuglée souvent, elle coupe les têtes et tranche dans le lard avec son dard. Son grand poignard vicelard. Justice de mes deux. Mate les plateaux, tous deux au même niveau. Pour elle, tout se vaut. Coupable, innocent, capable de sang, avec complice ou sans assistance, tout condamné aura la tête tranchée. 

Entrez dans la danse. Chaque détail a son importance. Verdict en instance, pétoche ou confiance, peine ou délivrance, aucune assurance, le bavard en transe a pourri l’audience. Trouille intense. Quand le procureur s’avance, on mouille en silence. Ton ardoise est dense. Voyez comme on danse. Sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez.

Déjà les portes se referment, les verrous sont mis, t’as tout déballé, les chats vont miauler, les cons vont piailler, le proc est payé pour bien pinailler, ton sort est scellé, ta peine avalée, la salle emballée l’a trouvé salée, passe à la télé, t’auras qu’à chialer, t’auras qu’à râler, t’auras qu’à gueuler qu’on te laisse aller.

Regarde bien la dame avec sa balance. Justice du nom. Mate un coup son coude qui appuie discréto sur un des plateaux. C’est ça la justice? C’est ça l’impartialité? Avec son air con, elle t’a bien roulé.

On parle trop aujourd’hui des droits de l’homme au lieu de rappeler ses devoirs.

Alain Daniélou

 

 

Pas de hasard

Cool Balthazar. Y a pas de lézard. T’en fais donc pas dans ton falzar. Tu viens d’Alcor ou de Mizar? Du pont des Arts? T’es tout bizarre. Pour ma part, je veux croire qu’il n’y a pas de hasard. Rien n’est absurde. On connaît la formule d’Einstein, Dieu ne joue pas au dés. Quand Jacques Monod publie Le hasard et la nécessité, il se foutait bien de narguer Einstein. Monod fait référence aussi bien à la théorie de Darwin qu’aux écrits de Démocrite. Le titre de l’ouvrage lui-même est d’ailleurs tiré d’une phrase de ce dernier : « Tout ce qui existe dans l’univers est le fruit du hasard et de la nécessité. » 

Darwin s’est aperçu qu’il s’était trompé. Quant à Démocrite, on lui pardonne son ignorance. L’Antiquité grecque et romaine ne brillait pas par sa clairvoyance. À cette époque, les mythes sont des fables et les dieux, des superstitions. On leur pardonne. Mais Monod n’a pas le droit d’être aussi rétrograde. Il n’a d’autre excuse que le lavage de cerveau subi depuis l’enfance.

Quand n’importe quel fait inexplicable surgit dans un domaine du passé, aucun scientifique ne se permettra d’invoquer les dieux d’avant. Ce en quoi ils font preuve d’orgueil, en plus de l’ignorance.

Quand elle rencontre la nécessité, la science applaudit des deux mains.dès aujourd’hui dans certains cas. La nécessité obéit à des lois scientifiques. Elle est rassurante. On n’a pas besoin de se poser de question en face des principes physiques. Pour peu que le hasard survienne, la science s’incline. Elle en prend bonne note et passe à la suite.

Les artistes contemporains sont moins coincés, créativité oblige. Ils ont des antennes qui scrutent le passé lointain, comme George Lukas et son Star Wars. La Black Star qui domine toute l’œuvre a beaucoup de points communs avec Hyperborée. Tous les scientifiques récusent l’une comme l’autre. Aucun scientifique ne cherche à comprendre ce qui s’est passé.

 

Le jars et le hasard

Le hasard, ils n’ont que ce mot à la bouche. Ils savent que c’est idiot, que ça n’explique rien, tant pis. La pire ânerie vaut mieux qu’une vérité qui terrifie. Et donc: vive le hasard! Finalement, le hasard est pour eux une nécessité… qui les dispense d’investiguer.

Pour ces gens-là, même la chance se réduit au hasard. Qu’importe si la chance de tel ou tel défie absolument les lois statistiques? Ils s’en foutent. Mais ils constatent en silence. Ils savent que la chance n’est pas distribuée à tous avec la même abondance. Ils admettent que dans la chance insolente ou dans la malchance isolante, il n’y a pas de hasard. Mais ils se gardent d’en tirer la conclusion qui s’impose.

La chance a ses chouchous comme ses bêtes noires. Les poissards n’en ont jamais. Les veinards en ont trop, comme Gontran le cousin de Donald.

 

Gontran Bonheur, aussi appelé Jonathan le Veinard, est un personnage de fiction de l’univers des canards créé en 1948 par Carl Barks pour les studios Disney. Petit-fils de Grand-Mère Donald, il est le cousin de Donald Duck et son rival auprès de la belle Daisy.

Les studios Disney ne fournissent aucune explication, ce qui est préférable. Les caractères de leurs bestioles sont assez ignobles. Surtout Picsou qu’on adore détester, et que les petits Amerlos rêvent d’imiter. Deux poids, deux mesures. L’Atlantique a les épaules larges, c’est tant mieux.

 

Tombeur de haut

Si tu es tombé sur ce site, ce n’est pas un hasard. L’inconscient t’a guidé. Tu cherchais autre chose. Tu zappais sans y penser. Ouais, crois-le. J’ai reçu cent fois des stagiaires que je n’avais jamais vus, et que j’ai reconnus. Des vieux amis de l’astral. Dans la foule baroque de nos rêves innombrables, nous faisons chaque nuit un bout de chemin avec quelqu’un qui nous plaît bien.

Sur les vivants ou sur les morts, nos rencontres nocturnes nous en apprennent de belles. Que nous oublions au son du réveil… quand le réel nous tombe dessus. Le faux réel à manivelles.

Tomber, verbe du 1er groupe. Tomber malade, tomber amoureux, tomber sur un ami, tomber sur un bec, tomber des nues, tomber de haut, tomber une gonzesse, tomber enceinte.

Et tomber sur Eden Saga. Y découvrir mille vérités inédites qu’on savait déjà, comme par hasard.

 

Comme par hasard

Expression ironique qu’on dit d’un air entendu quand on est sûr que le hasard n’a rien à voir. Quand la chose était prévisible. Quand la nécessité inéluctable est en œuvre et qu’elle nous saute à la face.

 

Stage individuel

On est en train de préparer des réunions, je suis tout retourné. Personne ne vient chez moi par hasard. Personne ne vient s’asseoir à ma table sans l’avoir prévu depuis longtemps. Certaines personnes ne le savent pas quand elles arrivent ici. Je leur dis, ça les libère, ça les affame. On se connaît depuis longtemps, je l’explique. C’est vrai à chaque fois, car le hasard n’existe pas. Je leur conte des merveilles. Ils se réveillent différemment de la veille.

Ils m’écoutent d’une oreille, l’autre scrute. À l’affût des bruits du silence. Ici règne le calme. La mer, hors de portée, éclabousse les yeux et borde le paysage. Nous la dominons. Nous la respirons. Elle inspire. Et le reki d’Erquy continue. Je officie les mercredis. Les jeudis, reki à quatre mains. Une sensation unique et sans précédent. Délectable.

Là-haut dans le bleu, les mouettes hurlent. On dirait que le temps sur la plage s’arrête un moment. Un bref moment qui dure et déborde le cœur. Profitez-en. Prenez-le avec vos bras, profitez-en avec cérémonie, il est là, il est à toi, le centimètre cube de chance. L’acquérir c’est guérir, ne l’oublie pas. Ne néglige pas l’occasion qui ne reviendra pas. C’est tout, comme ça.

À nos pieds, la mer. Je mourrais heureux de la contempler. Mais pas maintenant, pas déjà. Je t’attends. Oui, toi. N’attends plus, en astral nous nous sommes vus. Reconnus. Tu prends ton temps, je te comprends. Mais avant mes derniers instants, viens passer quelques instants face à la mer. Un vieil ours de bonne compagnie te tendra le miroir.

Castaneda n’est plus, il survit dans l’ours que je suis.

 

 

Le rêve non ordinaire

Il y a le rêve ordinaire, vulgaire et freudien. Il y a le rêve extraordinaire. Il appartient à la réalité séparée, la réalité non-ordinaire de Castaneda. Dans le rêve extraordinaire, le guerrier est conscient. Plus éveillé qu’à l’ordinaire. Il dirige son rêve, ses décisions ont force de loi. Il fait des rencontres et parcourt des mondes en restant immobile. Il visite le passé le plus reculé comme l’avenir le plus lointain sans quitter son ici et maintenant. Ou devrais-je dire: son ici et ici?

 

Deux fois moi

J’ai conté ailleurs plusieurs anecdotes qui font comprendre de quoi il s’agit. Le guerrier toltèque sur son chemin de pouvoir reçoit cette grâce étrange. Il se dématérialise à tel point que son reflet immatériel peut apparaître en deux points différents. Le guerrier peut choisir dans lequel des deux reflets il va s’incarner. Le choix n’est pas mental, c’est le corps du guerrier qui choisit.

Jean-Claude Flornoy a vécu ce dédoublement alors qu’il était un nourrisson de quelques semaines, comme vous l’avez lu si vous avez cliqué sur le lien ci-dessus. Ses talents castanédiens étaient déjà présent à ce très jeune âge, semble-t-il. Sans doute la dimension astrale a permis cet exploit, puisqu’en astral il n’y a pas de temps. Et c’est en se trouvant à la fois sur le giron de sa mère allaitant et dans son berceau qu’il a prouvé la dimension astrale, puisque dans ce plan il n’y a pas d’espace non plus.

Ecoute ton corps. Il sait.

Jean-Claude Flornoy

 

C’est Flornoy qui a baptisé ces curieuses situations ici et ici. Le nom est bien trouvé. Tout est présent devant nous en astral. Tout est immédiat. Tout est visible. Tout est à nous. J’ai moi-même vécu l’ici et ici il y a quelques années, pour transformer une TS en soirée magique sous la lune moqueuse.

Juan Matus, le benefactor de Carlos Castaneda, a lui aussi vécu un ici et ici, pour échapper à une mort par noyade. Et Carlos lui-même a vécu la même chose, pour éviter une mort par écrasement au fond d’un gouffre.

Ces situations paradoxales sont fréquentes en astral, beaucoup moins dans la vie réelle. Elles n’arrivent qu’à des sujets sensibles à la perméabilité de la matière, capables de provoquer l’élasticité du temps et de l’espace, et doués d’un pouvoir qui caractérise le 7e degré d’éveil, le dédoublement.

 

 

Dédoublement du réel

Tout se joue dans ce dédoublement. Un pied ailleurs et l’autre ici.

Qu’est-ce que je fous là ?
Entre le clair et l’obscur
L’angoisse et l’ennui 
L’insouciance et l’amertume
Entre deux vies 
Dans la cohue du néant
Je me sens dehors 
Je me sens dedans

Macao 1972

J’ai vécu la chose à plusieurs reprises pendant mes années d’errance, sac au dos, sur les chemins poudreux du monde. Le refrain ci-dessus exprime parfaitement l’ambiguïté où je me trouvais, Macao la détresse épaisse, le chaos Macao, la cohue du néant, ma belle Micha et moi coincés là-bas tandis que nos amis poursuivaient les répétitions et l’enregistrement d’un opéra rock co-écrit avec elle.

Le dédoublement vient souvent d’un sentiment d’étrangeté ou de captivité. Les prisonniers peuvent s’échapper en astral et y mener double vie tandis que leur peine s’égrène et n’avance pas. Ils sont captifs mais ils sont ailleurs. Les gens distraits mènent double vie en permanence. Lisez Ici et ici, si ce n’est déjà fait. Vous allez piger.

 

Le plus réel des deux

Le réel reconnu n’est pas aussi réel que celui de l’astral. Chaque fois que je m’y trouve, je le tiens pour seul fiable, et je prends le monde ordinaire pour une prison grossière, insupportable, hypocrite. Fausses nouvelles, faux monde, fausses vies.

Je voyage dans le passé à Passy, mon village.Un beau quartier du 16e arrondissement de Paris Je voyage dans le haut astral au milieu des super lumineux. Je me ballade en hexagonal, j’erre en dodécaèdre et j’oblique en para symétrique. La réalité séparée me coupe en deux, c’est son rôle. Et le départ définitif de mon ami Devic me pulvérise. Avec les miettes, je nourris les canards et les jars.

 

 

1954

Séance de pâte à modeler à l’école maternelle avec mon pote Devic. Il a oublié sa blouse, et moi je n’ai pas vu le photographe. La guerre n’en finit pas de finir. Après l’occupation des nazis, on subit l’occupation des G.I. Les restrictions alimentaires sont toujours d’actualité. Pierre Mendès-France, Président du Conseil et propriétaire des usines France-Lait, fait distribuer du lait chocolaté dans les écoles publiques. Cette même année à l’été, j’ai découvert la maison de vacances que mes parents venaient d’acheter, devant la splendide baie d’Erquy. Je suis toujours ici.

Devic et moi ce fut une longue histoire. On ne s’est jamais perdus de vue ni quittés bien longtemps au long des sept décennies qui ont suivi. Un tel ami est un cadeau de la Déesse. Un don inestimable. La vie sans lui, une terrible punition.

 

2024

Soixante-dix après, ce grand vide au cœur. Pourquoi est-ce à moi que revient le douteux honneur de finir le chemin tout seul? Est-ce là mon centimètre-cube de chance?

 

 

Xavier Séguin

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