Tu as huit ans. Ta vie est devant toi comme un océan. Tu n’en vois pas les rives. Vastitude inépuisable, innombrables sont les vagues, infinis les reflets sur l’onde. Tu n’imagines pas qu’il soit possible d’en venir à bout. Privilège du jeune âge. Ma vie aussi est un océan, mais derrière moi. Je remonte le cours d’un fleuve qui devient ruisseau : la source est proche.
Qui chante en moi ?
À mon grand âge, quand la source est proche, la mort bat la semelle. Qui attend-elle vraiment ? Quelqu’un qui prend son temps… Je veux partir pour l’autre monde par le chemin des écoliers. Brassens l’a fait. Le gai savoir, le doux décès. Non que la mort soit triste. Ni effrayante, ni même définitive. Parenthèse invisible. La mort est un non-événement. Qu’y a-t-il entre deux pages d’un livre, entre le recto et le verso ? L’épaisseur du papier. Si le livre est virtuel, rien ne sépare le recto du verso, parce que ces notions n’ont plus cours.
Comme elle, nous sommes virtuels, à peine vivants. Nous n’existons que par l’amour et la joie qu’il nous donne. Mon lutin me l’a dit qui chante en moi comme un enfant libre au soleil.
À quoi comparer l’incomparable ? La mort ne ressemble à rien qui existe : elle n’existe pas. Est-ce qu’une frontière existe ? Va voir sur le terrain : aucun pointillé au sol. La terre est la même des deux côtés de la ligne imaginaire. La mort est ainsi, une ligne imaginaire, une porte invisible, un seuil inexistant.
Toi, l’enfant qui chante en moi, crois-tu que Terra se soucie des frontières ? Elles changent trop vite pour que Terra s’en soucie. Si la planète n’en a cure, les dieux s’en tapent aussi. Fais comme eux. Tu es trop jeune pour faire autrement. Roi du monde, empereur des vivants, tu règnes et tu triomphes. C’est l’apanage de ton âge. Mourir ? Vieillir ? Tu t’en fous partout. Je suis comme toi.
La beauté chaude et vivante du toucher est bien plus profonde que la beauté de la sagesse.
Parole de lutin
Fils d’Armor en Bretagne, ris souvent. Vire au vent. Ris sous cape et change de cap. Toi qui ris à travers les larmes. Au revers des alarmes. La tendresse est ta dope. Ta voie de vie. L’amour est ta saison. Le don n’est pas caprice. Qui donne avec le cœur se verra dans le mien.
Un lutin joyeux danse en moi. Il te ressemble un peu. Il me rappelle le gamin que j’étais, que je garde à l’abri des embruns. Ne laisse pas tomber le petit. Si on l’enchante, il vit. Il se souvient. Il meurt si tu l’oublies. Ceux qui l’ont tué mourront aussi. Privés d’eux mêmes. Le môme intérieur a filé à l’égout. Dégoûté de la vie étriquée qu’on lui laisse, il a cassé la laisse. Il s’affiche à la messe en leur montrant ses fesses.
L’âge de peur
Mais toi ? Aime-toi comme je t’aime. Gare à toi mon joli. Protège-toi du vice, du vide et du vieilli. Prends garde aux morts vivants qui rodent. Ils sont légions. Tu les connais sans les voir car ton regard passe à travers. Poussières. Ils n’ont pas de lumière. Cendres d’eux-mêmes, en deuil. À l’église, à l’armée, à l’école, tous ceux qui grondent sont orphelins. L’enfant intérieur s’est pendu. Pénitents éplorés, perdus, dos au mur des lamentations. Contrition. Abjection.
Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui sont en mer.
Tu grandiras, c’est important. Ne fais donc pas l’enfant. Ne retiens ni présent, ni jusant, ni le vent. N’aie pas la main qui tient : main tenant. Tout change et c’est tant mieux. Ne tue pas les années données. En même temps, vois l’enfant. Tu le portes en toi bien vivant. Qu’il soit ton choix, ton droit, ton roi. Un autre enfant viendra qui vous ressemblera — à lui comme à toi. Sera-t-il l’enfant sage ? Un oiseau de passage ? Le rossignol en cage ? Est-il loin du rivage ? A-t-il peur du naufrage ?
As-tu le cœur en rage ? Oublie ta peur et nage.
L’âge du cœur
Chacun de nous est double ou triple. On a tous un âge secret. Contrainte pesante aux âmes sensibles, l’état civil est incivil. Mieux nous sied l’âge élu. Le secret que l’on porte en soi. L’âge où le cœur a fait son nid.
Un sage a dix âges, quand il n’en a pas plus. L’âge qu’il s’est choisi, et puis les âges qui rient en lui. Il rit avec eux et l’instant lui sourit. Son rire n’est pas moqueur. Le rire de Merlin est chaleur, amitié. Un rire du souvenir. Merlin se réjouit de l’humour de la vie. Il se souvient d’avoir été crétin. Il ne condamne pas, ce rire-là. Il souligne, il crée le lien, il maintient. Il tient avec ses mains. Oui le rire a des mains. Tu comprendras demain. À jamais le sage est entre deux âges.
Quand à moi, j’ai cent âges au moins. Voilà le dessert des voyageurs du temps. Quand on a 33 ans, on n’a pas perdu les 32 pour autant. Ni les 20, ni les 12. J’ai longtemps campé au rivage enchanté de mes douze ans. Tant que j’y fus heureux, j’y retournais souvent. Et tout ça dans l’instant.
Inné
Dans l’astral, pas de temps. Tout est donné, présent, instantané. Inné. Ces pouvoirs sont à toi. En toi. Tu peux les éveiller. Yé. Le veux-tu ? Le crois-tu ?
L’enfant intérieur est un cadeau précieux pour qui sait ce que danser veut dire. Danser sur le volcan ou danser dans les chaînes. Tourner au premier vent et virer aux sirènes. Sourire à perdre haleine et rire à la baleine.
C’est l’enfant qui te pousse à continuer tout droit. Le chemin monte ? Et puis ? Rien n’est si dur qu’on croit. L’enfant du dedans va sortir pour t’aider. Sa justesse et sa joie sont là pour te guider. Il t’aime, il est à toi, tu l’as vécu jadis.
Jamais de la vie
Ne dis jamais si j’avais su. On te l’a dit, tu n’as pas écouté. Nous méritons toutes nos erreurs. Nous méprisons toutes les horreurs. Nous méditons toutes les aigreurs. Nous mélangeons toutes nos couleurs. À toi de rattraper le vent qui passe et te raconte l’histoire du monde. Écoute-le chanter la légende des siècles. La saga multimillénaire des vents d’avant.
Il y a un petit enfant prisonnier dans ton cœur. Si tu peux lui parler, il te sourira. Il se sentira moins seul. Moins incompris. Au fil des ans tu l’as perdu de vue. Ses craintes, ses méfiances, ses hésitations appartiennent à un passé oublié. Se souvient-on de nos peurs ? Entend-on les rumeurs ? Se méfie-t-on de nos vieilles humeurs ?
Nous mélangeons toutes nos couleurs. Gaies ou sordides, tristes ou toniques, vivaces ou ternes, toutes nos couleurs ne sont pas dans l’arc en ciel. Elles ne sont pas non plus dans notre mémoire instantanée. Figée. Décapitée.
Pour l’arrime
On n’oublie rien de rien, on n’oublie rien du tout
On n’oublie rien de rien, on s’habitue, c’est tout !!
Brel a chanté ça surtout pour la rime. La foule des choses qu’on s’empresse d’oublier chaque heure et chaque jour ! La cohue des mensonges, des prétentions, des gestes d’orgueil qu’on écarte d’un revers maussade. Tout ça se fond dans le décor à corps, dans le mur muré de nos sous à venir. Qui ne sont rien tant on les a gommés. Honnis. Paumés…
On ne se souvient de rien. Ou de si peu ! On oublie tout tout le temps. On oublie les amours mortes, les amours non nées, non vues, non vécues. On oublie les rencontres frôlées, manquées, bradées. On oublie les débours et les comptes à rebours. On oublie les courses et les bourses, les passes et les traces, les casses et les races.
On se rappelle à peine des gamelles et des pelles, des passantes insolentes qui te reniflent et te sifflent et te giflent, des connes et des moins bonnes qui te croisent et t’embrasent, qui passent sans embrasses, t’embarrassent et te cassent, qui te lassent et se cassent.
Le Pays du Dedans
À l’enfant qui s’avance au Pays du Dedans je dédie ce chant
La douleur qui commence à la première dent c’est déjà Dedans
Habitants de l’azur, invisibles amis, priez pour lui
Soutenez ses efforts illuminez ses nuits ainsi soit-il
Toi qui marches et qui pleures et qui saignes du cœur n’aie donc pas peur
Chaque pas, chaque pleur, chaque jour de douleur a l’odeur des fleurs
Tu verras des automnes et des hivers glorieux des étés radieux
Tu verras des printemps illuminant des cieux toujours plus bleus
Le soleil qui se lève aujourd’hui de l’orient n’est qu’un enfant
Qui fit ses premiers pas dans le jardin des grands il y a cent mille ans
Je peux mourir demain dans une heure à l’instant je suis vivant
La planète est petite mais le monde est si grand vu du dedans
Grandi
Il a grandi. Son corps a grandi. Ses yeux, son cœur aussi. Tout a grandi chez lui, vu du dehors. Mais qu’en est-il vu du dedans ?
Oui, vu du dedans, qu’en est-il ?
Est-il plus fort, plus sage, plus vicieux, plus digne, plus couard, plus serré, plus lâche, plus tendu, moins détendu, moins grand, moins digne ? A-t-il appris plus utile que les leçons d’école? A-t-il sniffé la colle ? A-t-il béni l’alcool ? A-t-il vomi ? A-t-il gerbé ? Dégueulé ? Exonéré son déjeuner ?
Pauv ti chat ! Il a l’air d’un chaton craintif. Si tu le trouves, rapporte-le moi, j’en fais collec.
Lèvres et narines dorées à l’or fin du couchant surfin. C’est tout un nardkotik?
Le nard est sans doute l’un des plus anciens parfums orientaux connus. Il s’agit, sous sa forme d’huile, d’un liquide de couleur ambrée. L’huile de nard est extraite du rhizome de Nardostachys jatamansi. Cette plante pousse dans les montagnes himalayennes au Népal, ainsi qu’en Inde, au Bhoutan, et en Chine. (wikipédiatre)
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