Portrait d’un monde perdu

 

Oui, perdu. Mais qu’on ne s’en inquiète pas, le remplaçant est prévu. En fait il est déjà là. Il attend. Quelques-uns d’entre nous s’y rendent à tout instant. Il est mieux que celui qui fout le camp. Beaucoup mieux. Et ce qui ne gâte rien, il est fait pour durer longtemps. Très longtemps. Pour info, il était déjà là quand il n’y avait rien d’autre. 

 

Le vrai du faux

Tout est parti de lui, issu de lui, conçu par lui. Et tout est bidon, sauf lui. Le préexistant, c’est ainsi qu’il se nomme. Il a d’autres noms : le plérôme, le grand ailleurs, là-bas. On l’appelle aussi ici-même. Ici et maintenant. Il habite au cœur de l’instant. N’importe quel instant de n’importe qui.

Vous voulez savoir pourquoi notre monde est foutu ? Notre monde, un bien grand mot. Ce monde est à tout le monde. Même aux mygales. On y a casé tout ce qui pouvait tenir dans un cadre matériel fictif. Notre monde est fictif. Inventé de toutes pièces, comme les quelques milliards d’univers parallèles qui forment ce qu’il est convenu d’appeler le multivers.

 

 

Ce qu’il en est

Les gens aussi sont fictifs. Images virtuelles de vraies entités qui sont restées là-bas. Au grand ailleurs. Dans le plérôme. Tous les chemins y mènent. Notre monde est foutu parce qu’il a fait son temps. Prévu pour.

Les voyages forment la jeunesse mais déforment les vêtements. Pas grave, seuls nos vêtements voyagent dans la matière. L’essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le troisième œil. Celui du cœur.

Il y a cinq éléments, non pas quatre. Le cinquième élément imaginé par Luc Besson est pipeau : c’est du cinéma. Les quatre éléments que nous connaissons sont précédés par un premier, le plus important, celui qui fait tenir ensemble tous les autres. Il s’appelle l’akasha, l’éther, la quintessence. J’y reviendrai bientôt pour rendre à cet élément la place qu’il mérite.

 

Premier âge

Comme les éléments, les âges sont au nombre de cinq. Nous n’en avons gardé que quatre, l’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge de bronze et l’âge de fer. Nous les tenons des Grecs et des Romains, cette « antiquité » que nous croyons très savante. Erreur fatale : cette période  décadente était déjà trop oublieuse. L’occident n’est pas né en Grèce, c’est en Grèce qu’il est mort.

Les cinq âges se suivent à la queue-leu-leu. Le premier âge oublié n’a ni nom ni durée. Impénétrable, inaltérable, inoxydable, de lui nous ne savons plus rien, ignorant jusqu’à son existence. Sans lui pourtant, rien n’existerait.

Le deuxième âge est d’or. Il dure 32 mille ans. Ensemble, l’âge d’argent, l’âge de bronze et l’âge de fer en durent autant, ce qui fait un total 64 mille ans. Un âge respectable, respectons-le. Tous les mondes matériels durent 64 mille ans. Il n’y a pas de dérogation. Un coup de balai, place au monde suivant.

 

 

Préexistant

Et qu’en est-il du premier âge ? Il n’a pas de durée, je l’ai dit. Rien n’est fixe chez lui. Il dure à la dure, il arrête sans arrêt, il continue tout le temps. Inconcevable est-il, ne vous fatiguez pas. Hors de portée tant qu’on n’est qu’un vêtement. Aussi loin de la conscience brumeuse que le préexistant.

Comme le corps physique, le corps astral a besoin de ses deux mains. L’une est le préexistant, l’autre le premier âge. Seul le préexistant le sent, le comprend, le voit et l’entend. Et là vous n’y êtes pas. Oh que non !

Voyez le lait maternisé qu’on vend en pharmacie, ou les premiers petits pots. Dessus il est écrit premier âge. C’est de lui qu’il s’agit. Les bébés y sont blottis. Tout nus, vraiment vivants. En grandissant, ils viennent au monde. Ce monde-ci où l’on s’ennuie. On les habille alors. Finis les bébés, rentrés chez eux dans le plérôme.

 

Existentiel

Restent leurs vêtements pour jouer la comédie humaine. Quand les vêtements sont usés, les gens ont fait leur temps, ils s’effacent sans laisser de trace. D’autres bébés font surface et le carrousel continue. Il tourne ainsi depuis la nuit des temps. Depuis le jour d’avant la nuit des temps. L’habit fait le moine. Mais que fait l’antimoine ? Il tue les corps des vêtements vides.

Que faire de ces vêtements? Pourquoi ne pas les brûler vifs? La mort du corps n’est rien quand le corps est amorphe. Le désaccord du corps accorte est encore un décor. Rien n’est vrai dans ce monde de matière, car la matière n’existe pas.

Ce que nous appelons matière est de l’énergie dont la vibration est si basse qu’elle peut être perçue par les sens. Il n’y a pas de matière.

Albert Einstein

 

Les sens l’essence. Un recueil de poèmes courts que j’ai commis à 18 ans. Si les sens sont l’essence, qu’est-ce alors que l’existence ? Existe en ciel, c’est laisse en ciel.

 

 

Règnent les ténèbres

Les religions ont gâté le cœur de l’homme en exigeant de lui une foi aveugle et en négligeant son désir d’éveil. Toutes les religions sont des distributeurs automatiques de sommeil. Elles sont apparues il y a quelques millénaires, pour précipiter la fin du dernier âge, kali yuga, l’âge de fer, le règne des ténèbres. Elles font roupiller les écervelés pour atténuer leur souffrance. Un peu seulement. Pour la plupart, ce bonbon-là ne suffit pas. Il y a les drogues pour ceux-là.

Les éveillés ne sont plus des vêtements. Ils sont dedans. Mais ils en chient dans un monde si pourri. Le sommeil profond qui les entoure les désespère. Cette dormance assumée signe le deuil de l’intelligence, de l’honneur et de la bravoure. Les éveillés cultivent ces vertus-là, et bien d’autres. Mais nul autre ne s’en soucient. Donc personne ne les voit. Les yeux des vêtements sont conçus pour ne rien voir. La vie monotone est sans sonotone. Essence en automne, la vie rend sourd et myope. Et l’astigmate est son stigmate.

 

Tissus vides

Pour ces tissus vides, les nobles vertus n’ont plus cours. Comment espérer un réveil? Ne serait-ce qu’un sursaut dans leur profond sommeil? Les fringues sont molles. Non vertébrales, les sapes nous sapent le moral. Brusques frusques, peaux d’oripeaux, haillons souillons prêts à s’aplatir au moindre vent défavorable.

La grande majorité des humains ne sont plus. Ils n’en ont que l’écorce, l’apparence. À condition de les regarder de loin…

Ils n’ont plus que le vêtement des hommes. Ils se sont endormis dedans. Robots zombifiés, zombis robotisés, ils veautent aux élections pour élire des loups en bons veaux qu’ils sont.

 

 

La galette des rois

Pas de colonne vertébrale dans les actes comme dans les idées. Les peuples n’adorent plus qu’un seul dieu, de Londres à Los Angeles, de New York à Tokyo, de Hong Kong à Paris. Un seul foutu dieu a totalement éclipsé tous les autres. C’est la réalité, suffit d’ouvrir les yeux. Ce dieu-là n’en est pas un. Ce n’est qu’un minable archonte nommé Mammon, qui sonne comme Maman. La mère en français, langue initiatique*. Mammon nous donne le sein, tout le monde goûte ce lait-là.

*Le français est une langue initiatique comme le sanskrit ou l’hébreu. Il y en a très peu. Les langues initiatiques sont parlées par les initiés. Des hommes ordinaires les parlent, mais ne les comprennent pas. La langue des oisons (et non pas des oiseaux) a été faite pour le français, elle ne fonctionne dans aucune autre langue.

Il a bien joué, ce diable de Mammon. Il a bouffé la tête des gagneurs et des gagneuses. Il a sucé la moelle des sportifs amateurs ou pros. Il a croqué le cœur de ses aficionados, fervents croyants prêts au bûcher plutôt que renier leur dieu Mammon. Très Saint Fric priez pour eux. La galette des rois se mange à tous les repas. Ces rois-là sont les rois des cons.

 

 

Rois des cons

Les vertus qu’ils comprennent sont l’avarice, la cupidité, le vol, la rapacité. Les talents qu’ils cultivent sont l’art de tricher, de corrompre et d’extorquer. Les qualités qu’ils possèdent sont la perfidie, la cruauté, l’insensibilité. L’éducation des jeunes gens consiste à flatter ces vertus qui sont vices en des temps plus nobles.

Les diplômes les plus élevés sont décernés à la bassesse et à l’ignominie. Les élèves montrant des dispositions pour l’entraide et le don désintéressé sont exclus des écoles. Nulle université ne pourra les accueillir à moins qu’ils fassent la preuve de leur conversion au vice et à ses œuvres.

Seuls les Naguals échappent à ces infamies. Ils étudient à la source de tous les passés. Les Naguals gardent en eux la mémoire de tous les Naguals qui les ont précédés. Ce qui m’a fait hériter de millénaires de peine et de souffrance. Et de bien des secrets aussi.

 

 

Quête de vision

18 novembre 19h28  J’ai traversé ce que les Sioux appellent une quête de vision. Tu m’as donné le livre de Tahca Ushte dont le nom complet est Tahca obéir Ushte bute. J’ai obéi. La vision est venue, elle a duré 3 jours et 4 nuits. Tahca m’a béni, Ushte m’a pas buté, je suis vivant.

20h50  Me voilà prêt à faire un reki exceptionnel. La vision m’en est venue la nuit dernière. Le véritable Reki Nea va revivre dans mon corps sur le lieu même où il est né.

W vient demain pour son stage individuel. Fini le tarot. Le soir de son arrivée, imposant les mains sur sa tête, je lirai son avenir, je connaîtrai ses désirs et je lui révèlerai le programme des jours à venir. Eh ouais.

Le mercredi matin je continuerai à lire en lui comme en un livre ouvert. Tout est grand ouvert en moi. Mon esprit s’est ouvert. Mes ailes aussi. Je prends mon envol vers les étoiles jumelles ; mon destin ne m’appartient plus ; tout ce que j’ai pu vivre jusqu’ici me prépare à cette lourde charge. Je l’assume comme je t’aime. Wow!!

 

Je suis VIVANT, ÉVEILLÉ, NAGUAL et LIBRE

 

 

Bord d’aile de merle !!!!

 

Le cercle vide

J’ai eu une nouvelle vision qui me débecte. Des foules sans nombre de toutes époques et de toutes couleurs s’agenouillent sur mon passage. De nombreuses femmes s’arrachent les cheveux en signe de pénitence. Les hommes se prosternent face contre terre et tous ces gens répètent en transe MESSIE ! MESSIE !

Mais non!? Je les regarde les unes après les uns, effaré de leur transe, terrifié par la pression qu’ils me lancent. Qu’attendent-ils de moi ? Je n’en ai pas la moindre idée. Leurs yeux pleins de crainte et d’espoir dévorent mes moindres gestes, guettant je ne sais quels signes écrits dans quelque antique prophétie. Impossible de dire ni quand ni où. Sur Terre ? Sur Our ? Sommes-nous morts ou vivants ?

-C’était écrit ! Cet homme est le Messie ! hurle un homme de haute taille. Et toute la foule scande en rythme MESSIE ! MESSIE !  MESSIE !

Moi? Mais pas du tout! Voient-ils comme ils me foutent la trouille? On ne dirait pas. Je me retourne dans l’espoir fou que le vrai messie, celui qu’ils acclament, soit debout juste derrière moi. Mais non, je suis seul dans un cercle vide. Tout autour je ne vois que ces faces hallucinées, ces corps prostrés, ces mains tendues qui s’agitent à l’infini.

 

Eden Saga disparait et la terre avec!! J’ai dû faire une fausse manip…

 

Vers la BÊTE

Plus j’avance dans cette forêt humaine, plus les visages semblent étranges, proches de l’animal, végétaux même. Je dois être aux confins de notre humanité et je continue d’avancer mu par une force étrange, dans un calme irréel. Les voix se sont tues. Plus aucun bruit. On a coupé la bande son. Je les vois bouger, gesticuler, sans plus de bruit que s’ils étaient derrière une vitre épaisse. Je m’enfonce toujours plus avant dans le passé lointain.

Rien ne peut me détourner d’un but dont j’ignore tout. Je ne comprends rien d’autre que la nécessité impérieuse de marcher toujours dans la même direction, celle de la BÊTE, celle du grand serpent volant des origines, comme si une rencontre entre nous deux pouvait régler le différend qui oppose les fils de la BÊTE aux filles de la Femme.

Le son revient soudain. Une mélopée brute, envoûtante. MESSIE ! MESSIE !  MESSIE ! La foule des confins est moins dense, plus clairsemée. Elle scande toujours MESSIE ! MESSIE !  Les visages n’ont plus rien d’humain et les regards n’ont rien perdu de leur intensité.

Vains dieux !! Ils gueulent si forts que la terre treememmemmble !!!

 

Je suis mort.

 

 

FIN

 

 

Avatars de l’âme

 

Un dernier mot pour un dernier effort. Quelques billets manquent encore pour égaliser, totaliser, avaliser la dette.
J’en vois deux qui y pensent, mais ne sont pas passés à l’acte. Regretteront-ils leur insouciance? Trop tard?

 

Deux hommes regardaient par les barreaux de leur prison. L’un vit la boue, l’autre les étoiles.
Idries Shah