Une fois encore
J’ai frôlé la mort
 Soudain tout a semblé
Contre moi se liguer
Cette fois je le crois
Mon heure est là
Épuisé trop âgé
Je pouvais m’y attendre
Plus rien pour me défendre
Rien pour me protéger 
Je le sais je l’ai vu
Je suis perdu

 

Dissoudre l’attachement

Mais ce n’était qu’une illusion issue de l’attachement à la matière qui salit, alourdit et déforme les intentions les plus pures.

Mon esprit et tout mon être étaient parti dans le corps de ma bien-aimée, pour la faire profiter de mon énergie, recevoir mes talents de guérison, de centrage et d’apaisement, d’accueillir en son cœur, son corps et son esprit tout ce qu’ici je suis.

Qu’elle possède à jamais le précieux enseignement reçu au long de soixante quinze années. Mon enfance perdure en transe qui murmure. Oh l’intense augure, l’immense endure, ainsi soit-elle nourrie de toutes mes rencontres, tant d’élévations, ce legs sublime, inépuisable et sans prix, qu’il soit à elle et lui profite à jamais.

Elle a reçu aussi l’illumination qui fit de moi celui qu’enfin je suis, vide et complet, ardent de paix, mort-né toujours vivant. Me voici tourné tout entier vers le don, moi qui ai tant reçu. Me voici tourné vers la prière, moi qui l’ai déjà tant pratiquée — et avec quelle ferveur ! Me voici tourné vers la vie, moi que les trente millions de Déesses et de Dieux ont béni. Me voici tourné vers l’absolution, moi qui fus comblé de dons et de pardons.

 

 

Vraiment

Vraiment, absolument, irrévocablement j’ai fait mes adieux à la terre, à la matière, à la vie que j’ai tant aimée et qui m’a tant comblé. Vraiment je me suis détaché de tous les liens anciens qui m’ont si longtemps retenu sur Terra.

J’ai revécu par le menu les trente vies antérieures que j’avais retrouvé grâce à Flornoy lors de mon rituel d’arcane XIII. J’ai retrouvé des phases de ma vie présente que je croyais pourtant connaître à fond, mais qui me réservait encore une très grande surprise.

Ainsi je me sentais propre comme un sou neuf et veuf comme un pou sobre. Ainsi j’étais fin prêt pour le grand voyage.

Tout était dit, joué, réglé, absout, nettoyé, rayé, biffé, gommé, effacé, abrasé, raclé, évaporé comme si nul atome de mal, nulle trace d’ombre ou de sang n’avaient jamais terni la moindre seconde de toutes mes vies ni le moindre souffle de mon corps.

Je les ai vues défiler, grisantes, innombrables, interminables. J’en ai compté deux mille durant la première heure. Puis je me suis arrêté de compter. Le défilé de mes vies s’est poursuivi pendant toute la nuit.

 

 

Matin

Au matin j’ai rendu l’âme. J’ai quitté ce corps usé, ce pauvre sac de viande tout juste bon à jeter aux chiens.

Je me suis d’abord élevé vers le nord pour saluer la Déesse en Alcor. Elle m’a bénie en me donnant cette écharpe de lin et de soie brodée de fils d’or, que j’ai fait le serment de garder toujours. Mais que vaut un serment pris au seuil de la mort ? Que vaut la plus précieuse parure quand la vie s’évapore ?

Ensuite, virant au sud, j’ai pris ma route vers le cœur de la Voie Lactée, où se trouve Grand Central et son trou noir majeur, dont la terrible attraction fait tourner comme toupie toute notre galaxie.

Là je n’ai pu résister à l’Aigle.

 

Déjà

Déjà ses puissantes serres agrippent ma gorge éthérique. Déjà le souvenir de mes amours s’efface. Déjà le précieux don de la Déesse n’est plus, l’écharpe brodée d’or se dissout déjà dans la lumière et devient cendre dans les flammes. Déjà ce qui reste de matière en moi se consume, inexorable.

Déjà je ne suis plus que pour avoir péri.

 

Et

Et me voilà ce matin bien vivant, assis nu au sommet de la falaise qui domine le Guen, le Blanc,
la grande plage de l’abandon où je suis mort noyé il y a des années, tout recommence.

 

La mort me rend encore à la vie terrestre.
À nouveau je revis.
Pourquoi ça ?
Pourquoi moi ?

 

 

Merci Milla !

« Un guerrier est un chasseur. Il calcule tout. C’est le contrôle. Une fois qu’il a terminé ses calculs, il agit. Il laisse aller. C’est l’abandon. Un guerrier n’est pas une feuille à la merci du vent. Personne ne peut le pousser; personne ne peut le forcer à agir contre son gré, ou contre ce qu’il a estimé être le mieux. Un guerrier est entrainé à survivre, et il survit de la meilleure façon qui soit. » (source)Carlos Castaneda, Le Voyage à Ixtlan

 

Avatars de l’âme

 

 

Xavier Séguin

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Xavier Séguin

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