« A vrai dire, la religion est devenue aujourd’hui un gigantesque business. Certaines églises brassent des sommes colossales – pour ne rien dire de leur pouvoir politique. Croire aveuglément en quoi que ce soit et vouloir imposer cette croyance aux autres, voilà bien une chose épouvantable !
  
Il n’est nul besoin de s’étendre sur des religions telles que l’islam ou le christianisme, dont les activités prosélytes sont bien connues. Mais ce phénomène se répand à présent dans l’hindouisme. Figurez-vous que ces gens ont commencé à construire des temples à l’étranger, dans des villes comme New-York, Milwaukee ou Philadelphie. » écrivait Jiddu Krishnamurti.(source)Jiddu Krishnamurti «Ultimes paroles », entretiens avec Lakshmi Prasad (entre 1981 et 1985) publié chez Albin Michel, dans la collection « Espaces Libres »
 
Krishnamurti, pour Indien qu’il fut lui-même, n’avait pas une haute estime de l’Hindouisme : « A-t-on vraiment besoin d’exporter toutes les absurdités et autres non-sens qui ont cours sous l’étiquette de l’hindouisme ? Doit-on réellement transmettre ces superstitions de pacotille aux autres pays ? Qu’espérons-nous au juste en montrant à travers le monde tout ce charabia pompeux ? » (source)Jiddu Krishnamurti «Ultimes paroles », entretiens avec Lakshmi Prasad (entre 1981 et 1985) publié chez Albin Michel, dans la collection « Espaces Libres »
 
Absurdités, non-sens, mensonges, âneries… Toutes les religions en compte des caisses, mais selon Krishnamurti, l’Hindouisme mérite la palme… Un lecteur me transmet ce commentaire que j’ai aimé, et que je soumets à votre appréciation : 
 
« Le problème avec l’hindouisme, c’est que des connaissances cosmiques ont été abâtardies, pour être employées afin de gérer le troupeau des humains dans une société patriarcale et monarchique. Les textes originels de l’hindouisme décrivent des connaissances qui n’ont été redécouvertes par la science que des siècles plus tard. La « trinité » Vishnou-Brahma-Shiva décrit le champ magnétique : le pôle positif / la force d’attraction ( Vishnou ), le pôle négatif / la force de répulsion ( Shiva ), et l’équilibre résultant ( Brahma ), qui constituent l’univers.
 
La « danse » de Shiva Nataraja représente le cercle des électrons autour du noyau de l’atome. Mais ces traditions très anciennes qui transmettaient un réel savoir ont été remplacées, sous le même nom, par des légendes puériles. C’est ce qui est arrivé également au bouddhisme (à l’origine une libération des religions, l’Eveillé étant un humain qui s’est libéré de toute illusion ) devenu une religion. Pour le monothéisme judaïque et chrétien, la base initiatique reconnaît l’onde / la vibration comme organisatrice de l’univers et seule réalité ( au commencement était le Verbe ).
 
Les soi-disant « livres saints » ne sont que des compilations de sagas et de lois patriarcales, avec dans le cas du christianisme, l’ajout du Nouveau Testament, qui n’est qu’un écran de fumée car jamais appliqué. Mais au moins cette tradition trahie annonce la couleur dans la Genèse : le Serpent / Satan offre aux humains de libérer leur esprit pour déterminer eux-mêmes ce qui est bien ou mal, et diriger ainsi en conscience leurs actions : le don qu’Il fait est ainsi le seul choix raisonnable – Satan étant à comprendre comme le potentiel contenu dans notre esprit, et non comme un personnage mythologique opposé à un autre. » (Vassil Asjac)
 
Merci Vassil, on retrouve dans ce processus issu de l’ignorance les mêmes déformations naïves que dans la philosophie de Platon ou les mathématiques de Pythagore : ces anciens Grecs ont hérité d’un savoir complexe auquel ils n’ont rien compris en définitive.
 
Quant à l’Hindouisme, j’ai moi même été choqué par l’inanité et la violence intégriste de plusieurs fanatiques hindous.  Cette religion profondément bouleversée à travers les siècles accueille aujourd’hui trop de courants, qui parfois s’opposent sur des questions absurdes et sans importance pour notre époque. L’un d’entre eux m’a écrit pour m’abreuver d’insultes, sous prétexte que j’avais osé écrire que Rama, LEUR Rama, n’était pas né en Inde. Ce qui n’est un secret pour personne, sauf s’il est hindouïste.
 
 
 
 
Rama est de nature « divine », il est Hyperboréen, et ce sont les terres celtes occidentales qui l’ont accueilli sur cette planète. Ensuite, beaucoup plus tard, il a entrepris la conquête de l’Europe, du Moyen-Orient puis de l’Extrême-Orient, il a posé les bases de la culture indienne, chinoise et japonaise, puis s’est retiré au Tibet pour y méditer tel un lointain Bouddha. Ce qui est vrai pour l’Inde l’est aussi pour le reste du monde, et les critiques de l’hindouisme s’appliquent, on l’a dit, à toutes les religions sans aucune exception.
 
« La religion, d’une manière générale, a perdu son contenu profond. Elle est organisée aujourd’hui comme les grandes entreprises, dont elle partage du reste les méthodes. Derrière ces hiérarchies organisées opèrent toutefois des forces extrêmement puissantes. Celles-ci possèdent tout l’argent nécessaire et n’hésitent pas, le cas échéant, à recourir à la force. En outre, la plupart des journaux préfèrent garder le silence sur leurs activités. Qui voudrait en effet critiquer les religions établies et perdre ainsi des centaines de milliers de lecteurs ?
 
En fait, les différentes hiérarchies cléricales se consacrent principalement au renforcement de leurs institutions, et les gourous à l’augmentation du nombre de leurs disciples. Doit-on ici parler de religion ? Ou s’agit-il tout simplement de fanatisme ? Et quelle est donc la différence entre pareille « religion » et la politique ?
 
Peut-on concevoir qu’un certain nombre d’esprits lucides se rassemblent afin de prévenir un tel danger ? Je vous répondrai d’abord que les esprits raisonnables ne sont guère légion parmi les religieux. La lucidité ne fait pas d’ordinaire bon ménage avec la superstition.
 
A la vérité, la corruption règne partout, et les soi-disant religieux y contribuent eux aussi. Voyez ces adeptes qui se querellent à longueur de temps, en utilisant des arguments du type : « Mon gourou est plus grand que le tien. » Où sont donc les êtres lucides ? Et comment espérez-vous les trouver parmi ces groupes avides de compétition ?
 
 
 
 
Mais n’oublions pas les intellectuels. Ceux-là diront qu’ils n’ont rien à faire de la religion. Car voyez-vous, même le mot les intimide ! Ils préféreraient ne pas toucher à un tel domaine. Mieux, ils ne cherchent même pas à savoir s’il existe une dimension sacrée, et s’il est possible de l’explorer.
 
A considérer tout cela, une seule question vient à l’esprit : la religion peut-elle échapper à la croyance, au dogme et au rituel pour se fonder simplement sur l’éthique de la vie quotidienne ? Autrement dit, existe-t-il un sacré au sein duquel on puisse vivre authentiquement ? Mais qui saurait entendre une telle question ? » (source)Jiddu Krishnamurti «Ultimes paroles », entretiens avec Lakshmi Prasad (entre 1981 et 1985) publié chez Albin Michel, dans la collection « Espaces Libres »
 
Bien peu, c’est vrai. Mes lecteurs apprécieront. Certains sauront l’entendre, et y faire écho. Le temps est venu de renvoyer les prêtres, les imams, les sachems, les rabbins, les gourous et tous les moines à leurs chères études. Besoin de personne. Dieu lui-même n’est qu’un mot valise, vide de sens à force d’être plein de foutaises.
 
L’hypothèse de Dieu n’est pas nécessaire, elle est utile. Pas utile aux croyants, non, bien au contraire. Dieu sert les puissants qui lui font dire ce qui les arrange. Dans leurs mains, Dieu est un fabuleux outil d’exploitation des masses. Seule la connaissance peut ouvrir un chemin spirituel, or les religions, toutes autant qu’elles sont, empêchent la connaissance. Les religions nous maintiennent dans l’esclavage de l’ignorance. C’est pourquoi elles devront s’effacer devant la lumière qui brille en chacun.
 
 
 
 
« Briser le carcan des habitudes n’est pas chose facile. L’homme se soumet à un modèle, tombe dans une sorte de léthargie et évite soigneusement tout ce qui peut le remettre en question. Au fond, les gens cultivent l’amertume et le cynisme. D’un point de vue psychologique, rares sont ceux qui veulent la liberté. Certes chacun aime être libre d’agir à sa guise – mais qu’en est-il de la liberté intérieure ?
 
Celle-ci demande un long et patient travail d’exploration sur soi. Détruire le vieux cocon exige en effet une énergie phénoménale. En vérité, la plupart des gens qui assistent à mes conférences sont surtout poussés par la curiosité. Combien d’entre eux entendent vraiment mener une vie juste et droite ? Combien sont prêts à faire l’expérience de ce que je leur transmets, à le mettre en pratique dans leur vie ? Aujourd’hui, le matérialisme règne en maître.
 
Au fond, la Vérité n’intéresse pas grand monde. Si l’on est incapable de transcender le jeu des phénomènes pour se mettre en quête de l’essentiel, on reste prisonnier du passé. Et la plupart des gens refusent de voir plus loin. Ce qu’ils veulent, c’est se divertir. Même la religion est devenu un divertissement. » (source)Jiddu Krishnamurti «Ultimes paroles», entretiens avec Lakshmi Prasad (entre 1981 et 1985) publié chez Albin Michel, dans la collection «Espaces Libres»
 
 
Xavier Séguin

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