Sortir du corps, je connais. Ça m’arrive depuis l’enfance. Soudain je ne suis plus matière, je flotte en astral. Sous mes pieds, le paysage où je marchais encore la seconde d’avant. Et un corps debout, qui bricole quelque chose. Ce corps est le mien. Il semble doté d’une vie propre, et moi je n’ai plus rien à voir avec cette vie-là, organique et mortelle. Je suis un esprit. J’appartiens à l’autre monde.
En astral, on n’a pas d’yeux, on voit mieux qu’avec. On n’a pas d’oreilles, on entend parfaitement. On peut tout faire comme avec le corps, et mieux encore. Je vis ailleurs, j’habite plus haut. D’où le titre de ce paragraphe. Les deux mots se prononcent (presque) de la même façon. À par le h aspiré du mot anglais higher, plus haut. Il n’y a pas de hasard. Avoir la tête ailleurs, c’est rêver plus haut…
Mais les soucis du monde matériel encombrent toujours mon esprit. Suis-je en train de mourir ? Suis-je déjà mort ? À force de vivre ces situations limites, j’en ai pris l’habitude. À côtoyer l’impossible, on finit par le trouver banal. Cette familiarité avec l’autre monde a fait de moi un expert de l’astral. J’y voyage mieux qu’en train, mieux qu’en voiture, mieux qu’en avion. Les voyages humains ne sont plus de mon âge. L’astral est mon jardin.
Expert de l’astral, j’y emmène de nombreux lecteurs depuis quatre ans, par meute entière de Loups Volants. Mais c’est une autre histoire, dont la dernière étape se déroule en ce moment même.
Rêver, c’est vivre un dédoublement de soi, une bilocation. Vous êtes à la fois endormi et éveillé, à la fois ici et là. L’un des deux est un double, mais votre conscience est dans l’un comme dans l’autre. Pas en même temps. En alternance. Étrange sensation.
Il y a quelques années, j’ai voulu prendre un bain de mer sous la pleine lune de février. Suicidaire, ma vie ne ressemblait à rien. Comme on s’en doute, la Manche était glaciale, mais je n’ai rien senti. J’étais ailleurs. En grand danger. J’ai nagé vers le large, c’était marée descendante, je me sentais bien. Détaché… Je me souviens m’être dit « arrête, dès que tu vas dépasser la pointe, tu seras pris par le courant, tu vas te noyer. »
C’est resté lettre morte. J’ai continué à nager vers le noir, la nuit sans fin, vaste comme la mer, et froide aussi. Plus tard, quand le courant m’a pris, je me suis répété « tu vas te noyer ». C’était une simple constatation comme s’il s’agissait d’un autre, d’une fourmi, d’un insecte sans importance, et tout était bien ainsi.
Alors j’ai eu l’image d’un de mes lieux de pouvoir derrière moi sur la côte. Un rocher magique où j’aimais m’asseoir face au large. Soudain je me suis retrouvé sur ce rocher. Frissonnant. Halluciné. Sans savoir comment, je m’étais arraché à l’étreinte de l’eau glacée, j’avais fait un bond de plusieurs kilomètres, jusqu’à ce rocher sur la falaise.
Non, c’est encore pire que ça. A la même seconde où je me laissais couler bas dans l’eau glacée, j’étais aussi sur cette falaise, face à la nuit noire, écoutant le bruit monotone des vagues en contrebas. Oui, j’aurais pu me dire que j’avais rêvé toute l’histoire… Pourtant j’avais le souffle court, rapide. J’étais essoufflé, épuisé comme après un effort soutenu. Mes vêtements étaient trempés. Je frissonnais sans pouvoir m’arrêter.
Tant bien que mal, je me lève, je pars dans une course hésitante à travers les arbres. Comment ai-je fait ? Je claquais des dents, mes vêtements pesaient comme du plomb glacé, mais des suées m’inondaient le visage et le torse. Un nuage est passé sur la face ronde de la lune. J’aurais juré qu’elle m’avait fait un clin d’œil.
Inimaginable. Ce qui s’est passé est resté longtemps un mystère. Jusqu’à ce que je me souvienne d’une anecdote que Juan Matus a conté à son apprenti Carlos Castaneda. L’histoire du fleuve. Juan Matus avait pour benefactor une force de la nature. Un ancien acteur, propriétaire terrien. Un jour que Matus l’avait irrité, il l’attrape à bras le corps et le jette au bas d’une falaise qui dominait un fleuve impétueux. Ne sachant pas nager, l’apprenti se voit déjà mort. Et son benefactor lui crie : « N’en veuilles pas au fleuve !«
– Ce sont les derniers mots que j’entends, se dit Matus qui coule à pic. Avec l’énergie du désespoir, il remonte à la surface, mais ne peut garder la tête hors de l’eau. Le fleuve, une espèce de torrent, roule des vagues écumeuses. Il va se noyer quand il voit quelqu’un qui court sur la rive. C’est lui-même ! Effaré, incrédule, il se débat de plus belle. Dans les instants qui suivent, il est tantôt celui qui court le long du torrent, et tantôt celui qui s’y noie.
Ce manège insensé achève de le démoraliser jusqu’à ce qu’il se souvienne d’une leçon de son benefactor : « Dans un tel cas, choisis bien dans lequel des deux corps tu veux rester. » Ce souvenir le sauve. Par la force de sa volonté, il demeure dans le corps du coureur, laissant le corps inanimé couler dans le fleuve comme une pierre.
Là où il y a une volonté, il y a un chemin.
Une aventure de même nature est arrivée à mon benefactor alors qu’il n’était qu’un nourrisson tétant sa mère. Le lait ne venait pas bien, le bébé « s’est endormi sur le rosbif« , selon la formule élégante de l’ami Flornoy. Dans son sommeil, il a mordu le téton nourricier, réveillant sa mère qui somnolait aussi. Elle pousse un cri de douleur, à moitié endormie, et jette le bébé dans son berceau.
Ahuri, apeuré, hagard, le petit se met à hurler. C’est alors qu’il se voit alternativement sur le giron de sa maman et dans le fond de son berceau. Exactement comme Don Juan Matus dans le fleuve et sur la rive. De sa vie, il n’a jamais fait le rapprochement entre les deux anecdotes. Mais il venait d’expérimenter une constante du castanedisme : l’importance du point d’assemblage et la réalité des lieux de conscience qu’il détermine.
Des années après cette aventure, Flornoy a baptisé le vécu du nourrisson ici et ici. Ici et là ne conviendrait pas, car le berceau et le sein de sa mère n’étaient pas vécus comme des lieux différents, mais comme un même lieu visité alternativement par le bébé. C’est ce qui m’est arrivé dans mon bain de mer en février 2015. Mais pas seulement cette fois-là.
J’ai revécu plus de vingt vies antérieurs, dans les deux sexes, à toutes les époques et dans tous les pays. Dans une de mes vies sur les contreforts de l’Himalaya, j’ai eu une expérience qui ressemble à ici et ici, une authentique bilocation. J’étais un jeune enfant qui suivait son père pour un pèlerinage. Un grand prophète s’adressait à la foule pour faire des révélations. Et moi, le tout petit, j’étais en extase. Tout à coup, le doute m’a saisit, je ne savais plus qui j’étais…
« La montagne vacille et s’entrouvre. Juché sur le sommet d’un pic, un prophète me regarde. Autour de moi s’amassent des milliers de personnes, mais le prophète n’a d’yeux que pour moi. Il est très loin, très haut, et pourtant si proche que je peux le toucher. Mille ans, cheveux crépus, la peau noire comme l’aile d’un corbeau. Je l’aime. Nous l’aimons tous. Il est si grand!
Une foule énorme ondule au pied du pic en forme de pyramide. Le prophète lévite. Je vois ses pieds quitter la roche et je m’élève aussi. La chaleur, la lumière et la joie me portent. La foule gronde son admiration. Je vois les bras levés, les bouches ouvertes et je n’entends pas un cri. Toute la montagne est sacrée, aussi recueillie qu’une église.
Montant toujours, je contemple le monde. Au-dessus, le ciel s’ouvre. Un aigle plane très haut dans le silence. Je n’entends plus la foule en transe. Je suis dans le cœur du prophète, je danse avec sa danse. En même temps, je suis un enfant perdu dans la foule.
Au sommet du pic éclate une boule de feu blanc. Dix mille bouches jettent un cri. Un deuxième soleil vient de s’allumer. Le prophète a rejoint le monde d’en haut. Où suis-je? La foule vacille, hébétée. On me bouscule.
Je me réfugie dans le cœur brûlant du prophète. Au fond du ciel, l’aigle plane en cercle. Tantôt là-haut, tantôt là-bas, moitié mort et moitié vivant, je suis perdu dans la foule, perdu dans le ciel. Le soleil s’ouvre pour accueillir le prophète. Ra me prend dans ses bras et nous quittons Terra.
Brouhaha de cris et de larmes. Dans une atmosphère de fin du monde, mon père cherche ma main, mais la foule nous presse et nous entraîne. Au pied de la montagne coule un grand fleuve. De longs navires y sont amarrés que la foule prend d’assaut. J’ai peur. Mon père a disparu. Un inconnu me serre la main à la broyer. J’ai envie de pleurer, plus perdu dans cette cohue qu’au fond d’une jungle inconnue. » (source)
À vrai dire je suis coutumier du fait. Il y a eu cet épisode incompréhensible où j’ai arrêté le temps. Un pote alchimiste m’avait fait boire de l’eau de jade. Cette précieuse liqueur distord le temps, soit en le contractant, soit en l’étirant, soit en l’arrêtant purement et simplement. Quand un guerrier en a besoin, il se sert de la combine de Juan Matus. Ici et ici. Un pied dans le temps qui va son train, l’autre pied dans le non-temps. Ce qui lui donne tout le temps de régler l’affaire.
Vous vous souvenez de Matrix ? Les balles qui arrivent au ralenti vers Keanu Reeves ? Au ciné c’est un trucage; dans la vie c’est ici et ici. Un pied dans le temps, l’autre en dehors. Pas plus compliqué que ça. Comment y parvenir ? Me bouquiner, c’est bien. Mais tant que je suis en vie, profitez-en pour apprendre.
J’organise des stages individuels, qui sont en fait des initiations. Tu peux m’écrire pour candidature, mais auparavant tu as intérêt à lire les articles où je parle de ce stage. Le stage individuel, Le reki d’Erquy, Le neoreki de Rekinea, Le schéma énergétique, L’engramme, Le savoir du corps, Nos corps et nos auras, Sensitif…
Ne perds pas de vue Eden Saga, tu y trouveras quelque chose pour toi.
Années 80. Fin juillet en Normandie sur une route déserte, je file à tombeau ouvert. Il fait chaud. Torride même. Un fin crachin se met à tomber, cinq minutes, pas plus. Pas assez pour donner de la fraîcheur. J’approche d’un virage. Il s’avère plus serré que prévu les roues mordent sur des zébrures blanches. Manque de bol, le crachin avait rendu super glissant le plastique des zébrures et la bagnole part en vrille. Tandis qu’elle tourne comme une toupie, je regarde le paysage. Des champs. Cool. Je vais pouvoir défoncer les clôtures sans trop de casse.
Mais il y a cette vieille grange en pierre. Un angle de mur un peu ruiné mais toujours solide. Si j’atterris là-dessus, ça peut faire très mal. Pendant que la voiture vire et volte, je ne pense qu’à ça. Le temps tourne au ralenti. La toupie aussi. Elle ne s’arrête pas, il me semble que le ballet dure des plombes. Et toujours je regarde ce coin de mur fatal.
Au ralenti, ma bagnole s’encastre pile dans ce coin de mur. Vacarme de métal froissé. Le pare-brise s’émiette et tombe sur mes genoux. Le moteur recule sur le siège arrière. De ma voiture il ne reste qu’une épave. Entièrement défoncée, détruite… sauf la place du conducteur. J’en sors à peine secoué, sans une égratignure. Leçon n°1 : si ton véhicule devient incontrôlable, il se dirige vers l’endroit où tu regardes. Alors regarde au bon endroit ! Leçon n°2 : je peux ralentir le temps assez pour dévier les chocs mortels. Je court-circuite l’étendue et la durée.
En juillet dernier j’ai fait un AVC. La veille, j’avais été hospitalisé en urgence pour de violentes douleurs dans la poitrine. J’ai passé la nuit sur un brancard, dans un couloir bondé de malades qui gémissent, qui râlent et qui grondent. Les covidiens et les autres, pêle-mêle, sans respect des règles sanitaires, sans prophylaxie, sans hygiène élémentaire.
Je quitte au plus vite ce lieu infect et infectieux. Mon fils m’attend à la maison. Je suis très ébranlé. Il y a de quoi ! Jamais malade, jamais chez le toubib, je ne prends aucun médoc, j’ignore tout de l’état des soins en France. Comment imaginer que le système de santé est tombé si bas ? Personnel insuffisant, débordé, impuissant. Maladies nosocomiales : l’hosto ne guérit plus, il tue. Putain de trauma !
La nuit suivante, comme toutes les nuits, je fais une sortie de corps. D’habitude, quand mon esprit se balade en astral, mon corps se contente de roupiller. Pas cette fois-là. Mon corps s’est levé sans moi. Pourquoi faire ? Je n’en sais rien. J’étais ailleurs, en astral. À ma place, un robot sans conscience, sans guide. Ma chambre est à l’étage. Mon corps a fait une chute dans l’escalier et s’est retrouvé assommé sur le dallage du living.
La nuit se poursuit, cahotante, chaotique. Je suis KO. J’émerge à peine entre deux sommeils. De tout mon long sur les dalles froides, je me crois encore dans mon lit. Absence, incohérence. Je me demande pourquoi la cheminée est montée dans ma chambre. Totalement désorienté, je fais la navette entre ma chambre et je ne sais où. Ici et ici. Ça ressemble à chez moi, mais c’est ailleurs. Où ça ? Je n’en sais rien. Une chose est sûre : ma folie pure et dure. Pas contrôlée le moins du monde.
Au matin, mon fils s’occupe de moi. Sans lui, je serais passé de vie à trépas. Deux jours durant, il m’a soigné comme un bébé. Je suis devenu le fils de mon propre enfant. Dur à vivre. Je flotte entre deux eaux, entre deux mondes. Diagnostic : un AVC. Je n’y crois pas. Un choc, oui, mais rien d’autre. Sans toi mon cher fils, je ne serais plus là. Non pas à cause d’un AVC ou autre acronyme médical. Un guerrier meurt à son heure, voilà tout. Ce n’était pas encore la mienne. La honte de cet hôpital avait débondée la mienne, qui m’a presque submergé. À la fin, ma honte m’a guéri.
Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.
À force de vivre dans les étoiles, j’avais oublié le monde où l’on s’ennuie. Ce monde où l’on souffre, où l’on meurt, où l’on crie de douleur. Humblement, je l’avoue, je ne vivais que pour ce site, pour écrire, transmettre, ouvrir à deux battants le portail de l’ailleurs, vous aider de toutes mes forces à faire trois pas dans l’autre monde. Une fois le contact établi, la suite vous appartient.
Je suis nagual, je suis passant, j’ai tout oublié du monde banal qui est le nôtre. J’ai cru pouvoir m’en abstraire. J’ai passé trop d’années hors de mon corps, trop de siècles hors du temps. Ici et ici, vraiment ? J’étais ailleurs. Sous d’autres cieux où brille un astre plus clément.
Quand vient pour lui l’heure du départ, de quoi le Mat aurait-il peur ? Il est déjà mort. Pour toujours ailleurs.
Aïe! Heurt!
Ne prenez pas ces confidences au tragique. L’épreuve m’a grandi. Nous avons tous besoin de chocs pour secouer la torpeur des routines. Nous sommes endormis, autant le savoir. Même les éveillés ont besoin de temps en temps d’un bon seau d’eau sur la tête.
Je me suis réveillé pour voir que tous les autres dormaient encore. Alors je me suis rendormi.
Il n'y a pas quatre éléments, mais cinq. Le premier s'appelle l'éther. On l'a oublié…
Oui, perdu. Mais qu'on ne s'inquiète pas, le remplaçant est prévu.
Je vous demande un ultime effort pour sauver Eden Saga. C'est maintenant !!
L’aventure Eden Saga aura duré dix huit années. Reste encore UNE chance, la toute dernière.
Le Yi King nous est parvenu incomplet. J'ai restauré un hexagramme.
L'histoire humaine commence en Afrique avec les australopithèques, des Noirs.