Danaé. Je t’ai rencontrée il y a longtemps, en cherchant autre chose. Je t’ai regardée mais pas gardée. Je t’ai oubliée, Danaé, grande dame, blanche d’âme et noire de peau. Tu es revenue frapper à mon huis un soir d’hiver. D’humeur fauve, je t’ai chassée d’un rugissement. Sans hâte qui gâte, sans rancune aucune, tu t’es frayée chemin dans la touffeur de ma conscience. Danaé.
Par des sentiers connus de moi seul, tu t’es glissée, Danaé cœur de beurre, en ma sûre masure intérieure. Tu m’as raconté ton histoire.
Elle est simple et terrible.
Dans la mythologie grecque, Danaé, fille d’Acrisios et d’Eurydice, est la mère de Persée. Son père Acrisios, l’emprisonne dans une tour d’airain quand un oracle lui prédit qu’il sera tué par son petit-fils. Zeus parvient toutefois à entrer dans la tour sous la forme d’une pluie d’or qui tomba sur la princesse. De cette union naît un fils, Persée. Courroucé, Acrisios met sa fille et son petit-fils dans un coffre qu’il jette à la dérive.
Ceux-ci parviennent à Sérifos, où le roi Polydecte, épris de Danaé, tente de la forcer à l’épouser. Pour parvenir à éloigner Persée, potentielle menace à son mariage, il l’envoie combattre la Gorgone Méduse. Persée revient, après maintes aventures, vainqueur de Méduse. Avec la tête mortelle de la Gorgone, il change le roi en pierre et réussit à ramener sa mère à Argos. Elle finira emmurée vivante.
Selon Virgile, elle se rend plus tard en Italie où elle fonde la ville d’Ardée. Son petit-fils Turnus se dispute la main de Lavinia avec Énée. Danaé est mentionnée aussi dans les tragédies d’Eschyle, d’Euripide et de Sophocle. Elle symbolise la terre asséchée sur laquelle tombe du ciel une pluie fertilisante. (wikipedia)
Dans un pesant climat de sortilèges et de maléfices, la petite Danaé est victime d’une cruelle injustice. Son père Acrisios est son juge et bourreau. Le roi Acrisios emprisonne sa fille pour la protéger, ou plutôt pour se protéger lui-même. La réclusion de Danaé lui a paru le plus sûr mode de contraception. Pour son père, il est vital qu’elle n’ait pas d’enfant. Un oracle a prédit au roi que son petit-fils le tuerait. C’est pourquoi la seule mère possible est emmurée dans cette tour de métal. Mais en vain. Moïra se rit des plus haute murailles.
La Moire, ou Moïra n’a pas de visage : elle est le Destin, la « part » (moros, moïra) dispensée à chaque homme, le sort qui lui est échu. Ses décrets touchent à la naissance, au mariage et à la mort ; ils sont inflexibles. Les dieux qui pourtant peuvent tout, voudraient bien passer outre. Mais eux aussi s’inclinent et désertent leurs plus chers protégés. (Encyclopedia Universalis)
Le destin est plus puissant que les dieux eux-mêmes. Il a fallu que Zeus tombe amoureux de la jeune princesse. Pour échapper à l’œil jaloux de sa femme légitime Héra et pénétrer dans cette tour, Zeus se transforme en pluie d’or. Ainsi, il pénètre la tour et s’accouple avec Danaé.
Ce qui doit arriver, arrive à coup sûr. Danaé est enceinte. Elle donne le jour à un fils, Persée. Et ce gamin grandit à l’insu du grand-père le roi Acrisios, qui abandonne sa fille et son dangereux petit-fils sur l’île Sériphos. Accueillis par le roi Polydecte, Danaé est forcée d’épouser ce dernier.
Il devient un jeune homme vigoureux, empli de haine contre son salopard de papy royal. À la première occasion, il veut retrouver Acrysios pour le tuer. Mais ses tribulations ne font que commencer, il va devoir affronter d’autres monstres.
Persée devenu homme, Polydecte voit en lui une menace pour son mariage avec Danaé et l’envoie combattre la Méduse, monstre marin redoutable qui fait des ravages sur les navires et leurs équipages. Décidément, le monde se ligue contre Perséecuté qui ne s’alarme pas pour si peu. Il revient vainqueur de la Méduse. Avec la tête du montre maléfique, il transforme Polydecte en pierre et ramène sa mère à Argos. Il tue ensuite son grand-père pour les avoir abandonnés.
L’oracle avait dit vrai.
Encore un mythe, et quel mythe ! Une farandole de mythèmes nous rendent familière cette histoire qui plonge ses racines dans l’inconscient sociétal.
– Ce gamin meurtrier s’appelle Persée. Il aime sa mère, pour son amour il tue son (grand)père : est-il un autre Œdipe?
– Des pères jaloux de leur fille qui les condamnent à la chasteté, notre passé en est bourré. C’est encore en usage dans certains lieux.
– L’histoire, la grande, a un sens. Je veux la remettre à l’endroit ; c’est une des fonctions de ce site.
– L’histoire, la petite, celle de Danaé, nous offre un pot-pourri de mythes, ou plutôt de mythèmes, avec une force et une densité rares.
Les mythèmes sont les unités constitutives des mythes. On les retrouve dans toutes les cultures. Ils se répondent et se complètent comme les pièces d’un puzzle 4D.
Mais il existe une autre acception du terme : le mythème comme la combinaison de toutes les versions possibles d’un récit ; à la suite de Lévi-Strauss, nous considérons un mythe comme l’ensemble de ses variantes.
Quoi qu’il en soit, ces morceaux de mythe sont des archétypes, ils comportent des détails caractéristiques. La plupart restent tout à fait réalistes, même s’ils décrivent des comportements absurdes ou tout du moins inappropriés, hors contexte.
Tous ces traits permettent au mythologue une traçabilité parfaite de ces élémentaux. D’où leur nom de mythèmes, unités de mythe, comme on dit phonèmes, unités sonores d’une langue. Ou comme la philo nous parle de noumènes, unités de pensée.
Le noumène? C’est nous-mêmes.
Enfermée dans une tour d’airain (mythème) Danaé doit y demeurer sa vie durant sur ordre de son père (mythème). Quel crime a-t-elle commis ? Pas l’ombre d’un. (mythème) Le malheur a voulu qu’elle soit frappée par un oracle. (mythème) Il eut mieux valu pour elle qu’elle le fut par la foudre. (mythème)
Le roi parano a fait enfermer sa fille pour qu’elle n’enfante pas de fils. (mythème) Selon l’oracle, ce petit-fils tuerait son grand-père. (mythème) Du coup il condamne sans jugement sa propre fille à la prison jusqu’à la vieillesse, suppose-t-on. Le gros salopard ! (mythème) Il eut mieux valu qu’il la tuât.
Elle est donc emmurée vive de façon préventive, ainsi nul homme ne peut l’atteindre. (mythème) La tour d’airain tient lieu pour elle de ceinture de chasteté. (mythème)
La triste histoire de Danaé se poursuit sur le même mode, à coup de mythèmes et de marronniers désespérants. Ces lieux-communs en surabondance la rendent exceptionnelle, justement. On les retrouve dans bien d’autres légendes, qui toutes ont puisé à sa source.
Elle peut ainsi revendiquer la préséance sur ces redites. Peu connue pourtant, son histoire fonde la culture occidentale, et au-delà.
Zeus parvient à entrer dans la tour sous la forme d’une pluie d’or qui tombe sur la princesse. De cette union naît un fils, Persée. Courroucé, Acrisios met sa fille et son petit-fils dans un coffre qu’il jette à la mer. Ceux-ci parviennent à Sérifos, où le roi Polydecte, épris de Danaë, tente de la forcer à l’épouser. Pour parvenir à éloigner Persée, potentielle menace à son mariage, il l’envoie combattre Méduse la Gorgone. Persée revient, après maintes aventures, vainqueur de Méduse. Armé de la tête du monstre, il change le roi en pierre. Ainsi parvient-il à ramener sa mère en Argos.
Danaé chérie des peintres, nombreux sont-ils que ce conte a touché, nombreux sont-ils qui ton corps ont touché, tant de rapins ont peint ton corps déchu, ton cœur brisé, nombreux délurés t’ont dénudée dans le secret des ateliers quand ton bustier délié a fait jaillir tes seins altiers, que longuement ils ont palpés si doucement si gentiment et tendrement ont caressé ces trésors offerts désirés sur la toile ils les ont couchés au sofa où ils t’ont couchée dans un cadre ils les ont montrés dans ce cadre où tu évoluais pour que l’on puisse en profiter — de cet essai de ta beauté, de ces tableaux et de ta peau.
Dix ? Trente ? Combien sont-ils à t’avoir peinte ? Combien de maîtres, combien de disciples, combien d’inconnus à la lumière d’une chandelle, combien sont-ils tous ceux qui t’ont connue mieux que de vue, ma Danaé ?
Et ton nom n’a-t-il pas fleuri la poupe de navires altiers, frégates en course aux mers du sud, catamarans d’Amérique ou pirogues des anciens mondes ?
C’était une frégate,
S’app’lait « La Danaé »,
Larguez les ris dans les bass’ voiles
Larguez les ris dans les huniers
À son premier voyage
La frégate a sombré
Et de tout l’équipage
Un gabier s’a sauvé
Il aborde sur une plage,
Il savait bien nager
Mais là sur le rivage
Une belle éplorée
Belle comme une frégate
Française et pavoisée
Pourquoi pleurer la belle
Pourquoi si tant pleurer
Je pleure mon avantage
Dans la mer qu’est tombé
Et qu’aurait donc la belle
Celui qui vous l’rendrait
Lui en ferait l’offrande
Avec mon amitié
À la première plonge
L’marin n’a rien trouvé
À la centième plonge
Le pauvre s’est noyé
Car jamais avantage
Perdu, n’est retrouvé
Qui donc es-tu vraiment pour avoir inspiré tant d’artistes et de poètes ? Quelle véritable histoire se dissimule derrière la fable faite pour attendrir ? Ton nom, déjà, nous donne une piste : Danaé comme Danaann, la Grande Déesse des Tuatha. Faut-il chercher plus loin ? Pas nécessairement. Voyons si l’on peut pousser la comparaison.
Le personnage de Danaé serait une élégie, un prière de regrets éternels. La Grande Déesse est opprimée par son père le roi, image de Zeus et de la nouvelle religion, ou plus exactement du nouvel ordre mondial imposé par les tout-puissants Olympiens — La mythologie sumérienne les nomme Archontes et n’en dit pas grand bien.
On sait que le Sénat romain a tenté de soudoyer des druides celtes, pour les amener à épouser la nouvelle religion made in Rome, celle du Christ — qu’il s’agisse du Christ Empereur ou du Christ Jésus.
Un exemple de ce reniement est donné par Merlin lui-même, druide enchanteur imprécateur et guerrier, devenu par la disgrâce de certain historiographe, le tout premier évêque chrétien. Délire. Merlin est trop Gallo pour être Romain. Gandalf ne pactise pas avec le Mordor. Cette tentative de corruption, voilà ce que pourrait représenter la pluie d’or que Zeus le Père fait pleuvoir sur sa promise, qui est aussi sa fille, si vous m’avez bien suivi.
Zeus est à la fois Acrisios père de Danaé, et Zeus lui-même, séducteur et suborneur de la recluse. On trouve ainsi l’inceste œdipienne chez Persée, et l’inceste ordinaire chez Zeus-Acrisios. La fable devient leçon de mémoire. La morale en est : « revenez vers la Grande Déesse, délaissez cette nouvelle religion qui bafoue la foi de nos ancêtres celtes.«
Par le plus grand des hasards,qui n’existent pas comme tu le sais, j’ai traité de la même question dans l’article Le Chêne Bayeux. On peut avec grand profit comparer cette interprétation avec un texte signé de la déesse Isis, qui soutient la même thèse.
Cette martyre a peut-être existé mais j’en doute. Elle est le personnage central d’une fable à message. Invention habile qui titille la corde sensible : Dana, Danaé… Son nom sonne trop familier aux oreilles de l’époque. Le passage d’une religion à une autre, d’une culture à une autre, est un traumatisme social. La vie humaine y pèse bien peu. L’ordre est celui du plus fort. La violence tient lieu de justice. Les exécutions sommaires dépeuplent les bourgs et les villas.
Les villas gallo-romaines sont de grosses fermes dirigées par de riches citoyens romains. Les Gaulois qui travaillent dans les villas sont appelés des vilains. Très vite les Romains ont importé en Gaule la religion officielle de l’empereur, le christianisme. Mais ça ne prenait pas vraiment. Comment demander à un peuple vaincu d’adorer leur vainqueur ? Les Gaulois préféreront lui pisser à l’arrêt.désolé !
Et pourtant, ce christianisme a fini par s’imposer dans toute l’Europe, et au-delà. Mais pas le culte d’un empereur romain; celui d’un prophète inventé longtemps après, Jésus, originaire de Nazareth — ville qui sera fondée 60 ans après sa naissance. Comme on voit, cette jolie fable craque de toutes ses coutures…
Il faut du temps pour que le souvenir de la vieille religion laisse place au désir de la nouvelle. Sous les pieux atours du christianisme, le paganisme préceltique ne dort que d’un œil. Engrammé dans l’inconscient collectif, ce culte puissant par ses effets magiques est régulièrement réimplanté dans nos cerveaux disponibles par nos … — disons par les Grands Administrateurs. Les Planificateurs. Les Contrôleurs.
Des entités comme nous, mais différentes. Cex vaches d’humains pensent beaucoup plus vite, vivent beaucoup plus longtemps, travaillent beaucoup plus dur… et on voit tout de suite le résultat. Trrrrrrès différents de nous, en somme.
Leur rôle est de surveiller. Ils veillent au grain, sur la main, sur le drain, sur le frein, sur le brin, sur le tain, sur le teint, sur le thym, sur le pain, sur le vin, sur la fin, sur la faim, sur l’or fin, sur patin, sur couffin.
Et sur les miens.
Sur mes liens.
Sur les tiens.
Ça va bien !
– Hé vous les entités, ne pourriez-vous pas vous occuper de vos affaires ? je demande à mon ange conseil.
– Désolé monsieur, vous êtes mes affaires, et des affaires de valeur. Je dois suivre votre cours à la bourse. C’est mon travail.
Au far-west, !es gardiens de vaches s’appelaient des cowboys. Nos gardiens sont des cowboys galactiques. Et nous sommes quoi ? Des vaches sacrées ? Disons des vaches à lait. Des vaches à veaux. Et des bœufs à viande…
O Grande Mère Serpente ! Toi qui as enfanté tout ce qui vit sur terre, dans les airs et dans les eaux ! Réveille-Toi de ton long sommeil ! Viens soulager le joug que les Archontes font peser sur nos épaules ! Ta dormance a duré 4000 ans, ton réveil est proche. L’âge d’or reviendra sur Tes pas pour fleurir ce que tu effleures, pour embellir ce que tu vois, pour bouter hors le malheur par la splendeur de ton cœur, l’image de ton visage et l’avantage de tes partages ! (Critique)
Anna, sainte-vierge et Déesse-Mère, vit depuis si longtemps qu'on a oublié son âge.
En 1989, une idée géniale a sauvé mon agence de communication qui battait de l'aile...
C'est admirable ce que tu fais. Tu me permets d'avancer le gigantesque puzzle d'Eden Saga.
Petit ou grand, un puzzle se commence par les bords, les pièces sont plus faciles…
Deux siècles après sa mort, Heine reste un écrivain discuté, surtout dans son propre pays.
Dépêchez-vous, mangez sur l'herbe, un de ces jours, l'herbe mangera sur vous. (Jacques Prévert)