La volonté et l’intention sont deux façons d’agir sur notre environnement, sur les autres et sur nous-mêmes. Toutefois il ne faut pas les confondre. Même si elles se ressemblent à première vue, leur origine et leur mode de fonctionnement sont très différents et correspondent à deux mentalités, deux points de vue sur la vie qui n’ont pas grand chose en commun.
L’intention dont je parle n’est pas la banale envie, le vague projet qu’on peut avoir quand on dit : « J’ai l’intention d’arrêter de fumer ». On sait ce que valent de telles tirades. Je veux parler de l’intention du guerrier, chère au système Castanedien. On m’a souvent demandé de préciser avec mes mots ce que Carlos Castaneda et les guerriers du nagual entendent par intention. Je vais le faire en lui opposant la volonté, puissant moteur d’action, au moins tel que l’entend le vieux Sénèque.
Quand tu auras renoncé à l’espérance, je t’apprendrai la volonté.
Quand Sénèque parle de la volonté, à quoi fait-il allusion ? Pour lui, la volonté s’oppose à l’espérance, passive, qui dispense de se prendre en main. On attend que ça vienne, sans faire le moindre effort pour ça. L’espérance est une vertu d’assisté. Ce n’est pas une comportement guerrier. Guillaume d’Orange aurait dit : « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. » Je partage cette opinion. Toute ma vie, je l’ai mise en pratique.
La volonté de Sénèque est le produit du mental. Le mental est un autre nom qu’on donne à l’ego. Cette volonté est proche parent de l’orgueil. Le mental est un pur produit du cerveau gauche. Voyons s’il y a une volonté moins mentale. Chez Lao-Tseu, peut-être ?
Là où il y a une volonté, il y a un chemin.
Cette volonté-là plairait davantage à Castaneda. Sauf que Lao-Tseu ne nous dit pas où mène ce chemin-là. Il est des chemins qui ne mènent nulle part… Sans doute parce qu’ils tournent en rond dans la forêt du mental.
Selon les lamas de l’Himalaya (à ne pas confondre avec les lamas des Andes) le mental est la seule partie de l’être humain qui ne connaîtra jamais l’éveil. Ils récitent pieusement l’enseignement de Rama, qui fut éduqué sur Hyperborée, la fameuse base spatiale des dieux d’avant. Et j’y souscris pleinement. Le mental est le principal frein à l’élévation spirituelle. L’intention, par contre, ne vient pas du mental. Elle vient du ventre.
Quand Castaneda parle de l’intention, de quoi s’agit-il au juste ? De deux choses distinctes. Il y a l’Intention avec un grand I, qui est avec l’Énergie les deux principales manifestations de l’Aigle, ou pour simplifier, de la Source.
En effet il n’y a pas de dieu personnel dans la philosophie du nagual. Ni non plus dans le lamaïsme. Il n’y a que l’Énergie omniprésente, aveugle et sourde, et une force nommée l’Intention, qui correspond peu ou prou an Saint-Esprit des Chrétiens, dans une version impersonnelle. Aussi est-ce inutile, voire arrogant, de lui adresser une prière. L’Intention ne l’entendra pas. L’Aigle non plus.
L’Intention est sourde. Mais elle n’est pas aveugle. Enfin pas tout à fait. Le guerrier qui a besoin de son aide doit accumuler l’énergie grâce à un comportement impeccable. Il doit ensuite renforcer son intention personnelle afin de faire briller sa luminositéson aura pour attirer sur lui l’Intention et recevoir l’aide attendue. Pourtant il ne se fait aucune illusion sur l’efficacité de cette stratégie. Rien ne garantit le résultat. Le guerrier agit inlassablement, mais il n’attend aucun résultat de son action.
Si l’on y pense, voilà qui décrit parfaitement le monde où nous sommes. L’efficacité de la prière y est proche de zéro. Il semble que les dieux des différents croyants ont d’autres chats à fouetter. Bien peu de prières sont exaucées. Se conformer jour après jour à des préceptes religieux contraignants pour un si piètre bénéfice me paraît très inefficace. Le pari de Pascal est un marché de dupes.
Pascal propose à l’athée le pari suivant : “Dieu est ou il n’est pas. Mais de quel côté pencherons-nous ? La raison n’y peut rien déterminer; il y a un chaos infini qui nous sépare. Il se joue un jeu, à l’extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile. Que gagnez-vous ? Par raison, vous ne pouvez faire ni l’un ni l’autre; par raison vous ne pouvez défendre nul des deux. ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix; car vous n’en savez rien“.
L’objection consisterait à refuser de parier. A ceci, Pascal rétorque que nous n’avons pas la liberté de nous abstenir de parier, puisque notre vie éternelle dépend du choix que nous aurons fait : “Cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué … Votre raison n’est pas plus blessée en choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir”. (source)la-philosophie.com
Pourquoi faudrait-il choisir ? On m’a appris en philo de toujours refuser les dilemmes, car ils vous enferment dans une tenaille. Chaque fois que j’entends « c’est blanc ou c’est noir » j’opte pour le gris. Ou si l’on me dit, comme dans la chanson, « tu veux ou tu veux pas ? » je n’accepte ni l’un ni l’autre, j’y mets mes propres conditions.
Le pari de Pascal est stupide en ce sens qu’il nous oblige à croire à un dieu tel que celui dans lequel croit Pascal. Il est évident que je n’y crois pas. Mais à la question croyez-vous en dieu ? je suis contraint de dire oui. Les dieux ont existé, peut-être existent-ils encore, vu leur extrême longévité. Mais ils n’ont rien à voir avec le dieu de Pascal.
Ils sont mortels comme nous, sujets à l’erreur, pleins de défauts, et ne sont pas animés de cet amour inconditionnel décrit par les religions chrétiennes, ni de cette puissance absolue des autres dieux uniques. Ils ont terraformés la terre, mais elle existait avant leur venue. Ils n’ont pas créé l’univers, ni le multivers. Ils ont de grands pouvoirs, ils savent prolonger leur vie presque indéfiniment, mais ils doivent mourir un jour, comme tout ce qui vit.
L’amour qui est dans mon cœur ne vient pas d’eux. Ils ont créé le véhicule charnel dans lequel j’évolue, mais ils n’ont pas créé mon âme immortelle. Ils m’ont donné un accès direct à la transcendance, grâce à la générosité d’Athéna / Ninhursag. Mais ils ne sont pas cette transcendance. Quelle est-elle, dans ce cas ? Ma réponse personnelle, ici et maintenant, est de pointer le nagual. La transcendance réside dans l’Énergie surabondante, et dans l’Intention qui bannit le hasard.
Le hasard n’existe pas. Tout ce qui arrive est voulu.
Les faibles humains avaient besoin d’un dieu bon, d’un père consolateur, d’une mère aimante. Les terraformeurs se sont prêtés à ce désir qu’ils jugeaient légitime. Mais c’est une comédie. Une traque. Le ciel est vide, disait Alain Souchon. Il est tout plein d’extraterrestres, ajouterai-je, mais on y cherchera vainement le bon dieu. Le guerrier ne peut compter que sur ses propres forces. Si l’Intention y ajoute son aide, tant mieux. Sinon il s’en passera.
Le guerrier n’espère pas, il ne prie pas, sa vie spirituelle est intense, mais il n’est pas religieux.
La religion est pour ceux qui ont peur de l’enfer. La spiritualité, pour ceux qui y sont déjà allés.
Son seul secours réside dans son impeccabilité. C’est en étant impeccable qu’il accumule de l’énergie. Dans son corps, et pas dans son cerveau. Il existe un grand pouvoir qui dort au fond de nos entrailles. Activé par une gigantesque quantité de neurones et de bactéries, notre microbiote revêt une importance bien plus grande qu’on ne l’avait imaginé jusqu’ici.
Rien de plus simple qu’un système digestif. Du moins en apparence. La part de pizza que nous venons d’avaler est broyée dans la bouche, dégradée dans l’estomac, puis glisse dans l’intestin grêle qui absorbe les nutriments nécessaires. Le côlon en extrait l’eau, digère certaines fibres puis élimine le reste par l’anus sous forme de matière fécale. Trivial ! « Mais cette vision simpliste qui a influencé des générations de médecins et de chirurgiens est dépassée : l’intestin est bien plus délicat et puissant. C’est un petit cerveau », martèle Emeran Mayer, gastro-entérologue, directeur exécutif du Center for Neurobiology of Stress de l’université de Californie à Los Angeles (États-Unis) et auteur de The Mind-Gut Connection. (source)
Je ne crois pas que ce cerveau soit le second, pas plus que je ne crois à la prééminence du cerveau gauche – ou pour parler comme Castaneda, du côté droit (du corps). Le microbiote, pour moi, est le siège de l’inconscient. C’est en lui que le guerrier puise sa force. Il est plus grand et plus puissant que le cerveau qui n’est qu’un ordinateur. Dans le microbiote, comme dans l’hémisphère droit, se niche la véritable créativité.
Nous sommes des êtres magiques, non pas des magiciens, mais des êtres infinis doués de pouvoirs immenses. Notre triste époque les a mis dans un sac qu’elle a jeté au fond des océans. A chacun de plonger au plus profond de son océan intérieur pour les faire émerger. Dieu n’est pas notre origine, mais notre devenir. Comme Friedrich Nietzsche, je crois à l’avènement du surhomme. Ce sont des surhommes qui nous ont donné le jour, à notre tour d’évoluer vers ce qu’ils étaient. Et ce n’est pas la science menteuse qui nous y conduira. C’est notre intention et notre impeccabilité.
J’ai déjà reçu le pouvoir qui gouverne mon destin.
Je ne m’accroche à rien, pour n’avoir rien à défendre.
Je n’ai pas de pensées, pour pouvoir voir.
Je ne crains rien, pour pouvoir me souvenir de moi-même.
L’Aigle me laissera passer, serein et détaché, jusqu’à la liberté.
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