La mode planétaire est au masque cette année. Pour vivre heureux, vivez cachés, disait-on. C’est devenu : pour survivre, restez masqués. Sourire dans ce drame : il y a masque et masque. Celui qui dissimule et celui qui révèle. Le masque de carnaval, grimaçant parfois, mais toujours ludique. Le masque du chirurgien, blanc de peur, toujours terrifiant.
Le guerrier dont il est question ici n’est pas un combattant physique -quoique?- mais un juste qui pratique le jihad au sens coranique, à savoir le juste combat contre soi, les vices de l’ego, les faiblesses, tout ce qui empêche le guerrier d’avancer sur le chemin d’éveil. Tu es ici pour t’accomplir, non pas au sens matériel, non pas en t’attachant à ce qui est périssable, mais en suivant ta lumière intérieure. Il t’appartient de la faire briller… comme il t’appartient d’atténuer sa lueur quand il convient.
Tiens ta lampe allumée, ne va pas cacher sa lumière sous le boisseau, disait le prophète connu sous le nom de Jésus. On pourrait aussi bien le connaître sous un autre nom, Hénoch, Krishna, Osiris, Apollonius de Tyane, Mithra, Esus, Constantin… mais non, on le connaît sous le nom de Jésus.
Comme il ne s’adressait pas à des guerriers de lumière, mais à de braves gens sans malice, Jésus a omis de préciser que si, oui-oui-oui en fait, parfois il faut planquer la lumière. Des fois. Ne serait-ce que pour pas se faire repérer. Je ne suis pas Jésus, mon existence ne fait pas l’ombre d’un doute, sauf pour moi, les soirs de lassitude. C’est pas être ou ne pas être, qu’il aurait dû dire. C’est suis-je ? ou ne suis-je pas ?
Là je me fais du souci pour moi. Quand on en vient à douter de sa propre existence, l’hôpital psy n’est pas loin. Alors j’efface l’ardoise magique, je reprends mon traintrain et tout va bien. Plan astral me voilà !
Confiné ou pas, le guerrier avance masqué. Il n’y peut rien, ce n’est pas affecté ni voulu en aucune façon. Castaneda appelle ça l’art de traquer. Il fait référence au vocabulaire de la chasse. Sauf que le chasseur traque un gibier, tandis que le guerrier de lumière se traque lui-même. On rejoint la notion de jihad telle qu’elle est définie par le Coran. Le guerrier traque ses défauts, le principal, pour tout le monde, étant issu d’un ego encombrant.
Pour diminuer la pression stupide de l’ego, la solution est la modestie, l’humilité, le secret. Ce n’est pas affecté, mais toujours sincère. Le guerrier se cache derrière sa main, derrière son ombre, derrière le soleil qui dissimule sa lumière intérieure. Il a l’air d’un jeune sportif extraverti, d’un ingénieur système efficace et débordé, d’une vendeuse patiente et attentionné, d’un petit vieux tranquille, on le confond aisément avec madame et monsieur Toulmonde.
C’est toute la différence entre le gourou et le guerrier. Le gourou s’affiche, il a besoin d’être remarqué, suivi, aimé, admiré par un nombre toujours plus grand d’écervelés.
Le guerrier n’a aucune de ces préoccupations. Il n’a nul besoin de suiveurs ou d’émules. Il marche seul. L’Intention le dissimule aux yeux des importuns. Certains voyants savent le reconnaître sous son masque, il accepte le contact. Il sait que rien n’arrive par hasard puisque le hasard n’existe pas : il n’est que le produit de la courte-vue des humains. Il sait que l’ego est le seul obstacle qui se dresse entre lui et l’éveil. Aussi s’efforce-t-il de le maintenir à distance. C’est la parabole des deux combattants du dragon, Saint Michel et Saint Georges. J’en ai déjà parlé souvent, je n’y reviens pas, suivez le lien.
Le masque du guerrier ne le protège pas contre les virus. Il n’en a cure, il se porte à merveille. Sa résistance aux maladies vient du travail qu’il fait sur lui. Sur son ego. Sur ses défauts. Sur sa faiblesse. Sur les quatre ennemis du guerrier. Ce travail génère une sorte de brouillard qui ne le gène pas, au contraire. La brume auto-immunese dit d’une maladie qui vient d’elle-même le dissimule mieux qu’un manteau couleur muraille. Le mur de brouillard devient sa seconde nature. Il marche dans sa brume, parle dans sa barbe ou crie sur les toits, quoi qu’il fasse, on ne le voit pas.
Un jour au Val Sans Retour, avec mon pote Devic et deux sorcières, nous nous sommes immobilisés sur une hauteur. Nous l’avons fait dans la même seconde, tous les quatre, sans nous concerter. Rien n’était décidé à l’avance, Zeus sait pourquoi nous nous sommes figés. Immobiles, nous n’attirons plus l’attention. Personnages de cire. On retient sa respiration. Les passants circulent en contrebas sans lever la tête, sans nous voir.
Étrange sensation. Certes le chemin est en dessous, les promeneurs regardent surtout où ils posent les pieds, ceci peut expliquer cela. Pourtant plusieurs randonneurs nous frôlent sans nous voir. Ils montent sur notre butte, ils circulent tout près de nous, leur cécité ne s’explique pas. Une sorcière a bougé. Les randonneurs sursautent, l’une d’entre eux pousse un cri. Le charme est rompu.
La paralysie aussi. Sous les yeux effarés de l’ancien monde, chacun reprend son allure humaine. Le monde où l’on s’ennuie ne sait pas nous garder longtemps. On est sur le départ, toujours. Bientôt démarre un autre voyage magique, comme chacun sait. Un nouveau délire au bord de la folie nous prendra dans ses bras pour nous lancer au vent solaire.
Tous tes soldats sont là Gaïa, prêts à périr pour te plaire. La mort ne les prive que de toi Gaïa. D’où ma prière. Où que je m’éveille de l’autre côté de la Vie, où que je rêve et où que j’aille, souviens-toi comme je t’ai aimée. Souviens-toi comme je t’aime encore, Gaïa ma bien-aimée. J’ai parcouru ton corps bleu et tes mers profondes, j’ai sillonné tes douces rondeurs et grimpé sur tes cornes les plus acérées, j’ai lutiné tes chemins creux et j’ai dormi dans tes cavernes. Ainsi Gaïa, où que je sois, ne m’oublie pas.
Ceux qui comme moi ont lu et relu Castaneda se souviennent forcément d’un personnage inoubliable : Silvio Manuel. L’ombre faite homme. Invisible dans sa maison pleine de nuit, il est fluide et silencieux dans les recoins obscurs, on dirait un vampire que la lumière du jour peut blesser. On se souviendra aussi du mur de brouillard qu’il faut traverser pour entrer dans l’Ailleurs. Ce foutu mur a la bougeotte. Le guerrier mâle ne peut pas le voir face à lui, mais toujours à sa gauche, et qui tourne avec le guerrier.
Chaque fois qu’il fait mine de le traverser, le mur se dérobe et se retrouve à sa gauche. Le guerrier se donne le ridicule de tourner sur lui-même comme un chien fou, avant d’y renoncer, vaincu. La guerrière n’a pas ce problème. Non seulement elle peut voir le mur en face, non seulement elle peut le pénétrer sans difficulté, mais elle a assez d’énergie vitale pour y entraîner plusieurs guerriers. La puissance des guerrières leur donne d’emblée le niveau de sorcière… dès que l’éveil les a transformées.
Le guerrier agit pour lui, le sorcier travaille pour les guerriers de son clan. Toute guerrière, par le fait, travaille pour le clan autant que pour elle-même. Elle est suprêmement douée dans l’art de rêver, qui est la pratique du rêve conscient et contrôlé. Mais elle est aussi brillante dans l’art de traquer. Son mimétisme frôle le génie. Et le dépasse souvent. Je n’ai pas de mot. Je la vois faire et j’admire en silence. Bien sûr, ses actions magnifiques ne sont pas dictées par son intellect. Le mental ne fait pas le poids pour ça. Elle se sert de l’intelligence du corps. Elle se sert de sa matrice et des neurones du colon.
Le talent qu’elle a pour se déguiser le corps et l’âme, la guerrière n’en tire pas d’orgueil. Si elle le faisait, son pouvoir s’envolerait. Elle le sait. La première vertu du traqueur, c’est l’humilité. Le principal atout du sorcier, c’est la modestie. Castaneda l’a cultivée durant sa vie cachée, mais l’a perdu dès qu’il s’est médiatisé. Pour vivre heureux, vivons caché.
Cette grosse pierre sculptée pose une foule de questions auxquelles je vais tenter de répondre.
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