Cœur étranger

 

Des personnes ayant subi une greffe du cœur ont des goûts et des souvenirs qui ne leur appartiennent pas. On peut se demander si le nouveau cœur n’aurait pas apporté avec lui des bribes de mémoire de son ancien propriétaire. Cette idée peut paraître bizarre aux zombis de la vieille école, elle n’a rien pour surprendre un éveillé, scientifique ou pas.

 

Le don du cœur

Le constat a été fait par plusieurs personnes ayant subi une greffe du cœur. Elles ont des émotions, des goûts, des souvenirs qui seraient ceux des donneurs.
Pourquoi pas? se disent sérieusement des scientifiques devant le nombre de ces témoignages.

Et je les approuve. Notre corps est capable de stocker des souvenirs ailleurs que dans le cerveau: mes recherches personnelles me l’ont montré à maintes reprises. Que ces nouvelles habitudes puissent être transmis par un organe greffé me semble plus qu’une hypothèse.

Dans le cas des transplantations cardiaques, la question est si pertinente que des chercheurs saoudiens y ont consacré une étude médicale publiée en avril 2024. Il en ressort qu’après une greffe cardiaque, des patients font état de changements dans leurs goûts, dans leurs préférences en matière de nourriture, de musique, voire dans leur orientation sexuelle.

 

Vivre la mort d’un autre

Ces changements renvoient aux goûts du donneur décédé ou, plus surprenant, à la manière dont il est mort. Ainsi, un patient greffé aurait développé une phobie de l’eau après avoir reçu un organe d’une victime de noyade. On est typiquement dans la mémoire du corps dont le premier rôle est de protéger ce corps. Nul besoin d’être un humain, même un animal aura la même phobie.

Une autre étudepubliée en mars 2002 dans la revue scientifique Journal of Near-Death Studies évoque le cas d’une femme qui a développé un goût immodéré pour les nuggets de poulet, suite à un transplant venant d’un homme qui en raffolait. «Elle était danseuse et chorégraphe, soucieuse de sa santé. À sa sortie de l’hôpital, elle a ressenti une envie incontrôlable d’aller dans un restaurant Kentucky Fried Chicken (KFC) pour commander des nuggets de poulet, un aliment qu’elle n’avait jamais mangé. […] Fait intéressant, des nuggets de KFC non consommés ont été retrouvés dans la veste du jeune homme lorsqu’il a été tué.» (source)

 

 

Le cœur a son cerveau

Confrontés aux nombreux témoignages de «souvenirs greffés», les chercheurs ont tenté de comprendre les mécanismes qui pouvaient expliquer de telles expériences. Ils ont formulé les quatre hypothèses suivantes:

  • La mémoire cellulaire: des cellules individuelles ou des réseaux de cellules non neuronales pourraient stocker des souvenirs. Des cellules nouvelles venues du donneur seraient-elles capables de reconfigurer des connexions préexistantes?
  • Les modifications épigénétiques: des changements réversibles qui modifieraient l’expression des gènes sans altérer la séquence de l’ADN. Une greffe pourrait peut-être entraîner des altérations de ce type.
  • Les interactions énergétiques: ici, les chercheurs pensent à l’influence possible du champ électromagnétique du cœur greffé, notamment s’il est de taille différente de l’organe d’origine. Parlant d’énergie, je pense à d’autres interactions.

Tout est énergie, tout est subtil, le grossier n’est que dans celui qui regarde.

Charles Bukowski

 

  • Le «petit cerveau» du cœur: un réseau neuronal complexe présent dans le cœur et qui pourrait tenir un rôle beaucoup plus important dans la régulation du rythme cardiaque qu’on ne le pensait auparavant. Serait-il capable de stocker des souvenirs? De communiquer avec le cerveau?

Pour la première fois, des chercheurs ont pu cartographier en détail « le petit cerveau » du cœur. Il s’agit d’un système nerveux intracardiaque (SNI) méconnu qui jouerait, avec les fibres innervant l’ensemble du muscle, un rôle essentiel dans la modulation de l’activité de l’organe.

…Et pas seulement!

 

Liaison cœur-cerveau

Une greffe d’organe, qui plus est du cœur, est un évènement important dans une vie. Le stress physique, émotionnel et subtil lié à l’opération,  la lourdeur de l’acte chirurgical et des traitements peuvent expliquer certains symptômes que les patients décrivent comme des souvenirs propres à leurs donneurs.

L’essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu’avec le cœur.

Antoine de Saint-Exupéry

Pour la myopie du coeur, il n’est pas de lunettes.

Lao Surlam

 

«Des preuves émergentes suggèrent que la transplantation cardiaque peut impliquer le transfert des traits de personnalité et des souvenirs du donneur au receveur, remettant en question les conceptions traditionnelles de la mémoire et de l’identité, peut-on lire dans l’étude saoudienne sur la mémoire cardiaque publiée cette année. De plus, le réseau neuronal du cœur et sa communication bidirectionnelle avec le cerveau soutiennent l’idée d’une connexion cœur-cerveau dans la mémoire et la personnalité.»  (source)

 

 

Matière et Mémoire

Le philosophe français Henri Bergson est encore en purgatoire, mais tôt ou tard il va revenir à la mode estudiantine et nous verrons fleurir nombre de thèses sur les siennes, souvent hardies pour l’époque. Ainsi Bergson, très au fait de l’actualité scientifique de son temps, a publié en 1896 un des ses chefs d’œuvre, Matière et Mémoire. Un ouvrage réputé difficile et abrupt, qui peut échapper au lecteur pressé mais qui, aux yeux du philosophe, se révèle d’une innovation et d’une richesse incroyables.

 

Tandis que Bergson envisage et limite la matérialité de la mémoire, il s’étend largement sur les rapports de l’esprit et du corps et suggère que la matière inanimée possèderait une forme de mémoire.

Objets inanimés avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?
(Lamartine, Milly ou la terre natale)
À découvrir sur le site Poésie Française

Alphonse de Lamartine (1790-1869) avait écrit peu avant ce poème où il exprime exactement la même idée. Aurait-elle séduit le jeune Henri au cours de ses humanités? Est-ce un souvenir de Lamartine qui hante l’esprit de Bergson?

 

 

La force d’aimer

Incontestablement ces idées étaient dans l’air du temps. Merleau-Ponty dit la même chose, quoique d’une manière plus pédante et nettement moins poétique : “Les choses visibles autour de nous reposent en elles-mêmes et leur être naturel est si plein qu’il semble envelopper leur être perçu comme si la perception que nous en avons se faisait en elles.” (source)Le Visible et l’invisible, Gallimard,Tel, p. 163

L’esprit et la matière ont l’un par rapport à l’autre une autonomie que vont exploiter les philosophes de l’action magique tel Carlos Castaneda. Bergson n’a pas pu lire ses livres et c’est grand dommage. ces deux-là auraient eu bien des choses à se dire.

Un guerrier traite le monde comme un mystère infini, et ce que les gens font comme une folie sans bornes.

Carlos Castaneda

 

Quand le philosophe français aborde les rapports de la mémoire et de l’esprit, de la mémoire et du corps physique, il ne se cantonne  pas seulement aux humains : « La philosophie devrait être un effort pour dépasser la condition humaine » écrira-t-il.

Bref, après cet aperçu uniquement mental d’une réalité qui ne l’est pas, je reviens en frétillant de plaisir à la formulation du poète, de loin la meilleure :

Objets inanimés avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?

 

 

Vide intérieur

Les rationalistes adorent couper les cheveux en quatre pour cacher leur vide intérieur. La rationnel, le mental, l’esprit scientifique ne fait pas bon ménage avec la sensibilité, la sensitivité, la spiritualité. L’esprit rationnel est déstabilisé sur ces sables mouvants. Aussi le savants use-t-il de formulations impénétrables pour faire fuir les non-initiés. Et ça fonctionne parfaitement. 

Résultat : seuls les étudiants en philo lisent les philosophes, et dès que leur thèse est soutenue, ils oublient la philo pour toujours dans le meilleur des cas. Ce que l’ex-philosophe Yannik Séguinmon cher frère résumait par cette formule magique : « La philosophie mène à tout, à condition d’en sortir. »  Il a fini inspecteur de l’éducation nationale…

Où m’a-t-elle donc menée, moi qui n’en suis jamais sorti?

 

Cœur d’amour

Je sais : elle m’a mené où j’en suis aujourd’hui. Un cœur qui souffre le martyre. Je ne parle pas de maladie cardio-vasculaire, pas du tout. Je parle de l’intolérable souffrance d’être amoureux. Imaginons une femme à qui je plais. C’est arrivé quand j’avais cinquante ans de moins. Dès qu’elle me le montrait, je tombais amoureux d’elle. Mais grave. Éperdu, incurable amoureux j’étais. Elle non.

D’où ma souffrance intolérable. L’un aime, l’autre pas. Pour moi, le cœur du problème est ici.

Cet organe qui bat dans ma poitrine n’est pas qu’une banale pompe, aussi perfectionnée soit-elle. Les peines de cœur existent, j’en ai crevé à petit feu. Cinquante ans après, je m’en remets à peine. Nous savons très peu de choses sur le rapport étroit qu’entretiennent la matière morte et l’esprit de vie. Si l’on écoute les savants, on n’en saura sûrement pas plus et peut-être moins.

Ce mur qui nous sépare les uns des autres est d’abord le mur intérieur qui nous coupe en deux. Les mythologies les plus anciennes nous apprennent cette vérité : notre Père et notre Mère sont très différents. Ils n’appartiennent ni au même monde, ni au même plan, ni au même temps.

Les parents dont il est question, bien sûr, n’intéressent pas Freud qui ne sait rien d’eux. Je parle de nos premiers parents : les créateurs du corps physique, la créatrice de l’âme.

 

 

Nos Pères

 

Notre Mère

 

 

Nos parents font la gueule

En fait, ils ne peuvent pas communiquer entre eux. Notre Mère la Grande Déesse nous a donné une graine d’immortalité, mais c’est notre Père l’archonte Ialdabaoth et les siens qui avaient commencé par fabriquer notre corps physique, mortel comme tout ce qui est matériel. Bien joué les archontes !

Vraiment bien foutu, ce corps de zombi. Du beau travail, merci Papa. Le voyant, la Déesse a fondu et s’est dit in pettodans sa Ford intérieure :
Trop mignon ce petit ! Et c’est l’autre animal qui a fait ça tout seul ? Bord d’aile de merle!! Je vais le finir en beauté…

Et elle l’a fait ! D’un coup de sa baguette magique, elle nous a filé une âme, non de Dieu, mais d’Elle. Et c’est une réussite. Ce travail d’équipe aurait dû rapprocher nos parents, mais je t’en fous. Nib de keud. Ils n’ont jamais cessé de se tirer la tronche. Chose qui arrive, hélas! dans les meilleures familles. Sauf que bien vite ils en sont venus aux mains.

Et qui c’est qui a trinqué? Nouzautres, pauvres zhumains.

 

Résultat

Notre Mère veut parler à notre Père, qui ne l’entend pas toujours. Pas forcément. Et notre Père pourrait parler à notre Mère, elle n’aurait aucun mal à l’entendre, mais lui ne veut pas. Il préfère ignorer notre Mère trop lointaine. Trop différente de ce qu’il est. Une énigme insoluble pour lui. Bien des femmes me font cet effet-là.

Les sorciers ne peuvent jamais construire un pont pour rejoindre les personnes de ce monde. En revanche, si les personnes le désirent, elles doivent construire un pont pour rejoindre les sorciers.

Carlos Castaneda

 

Père a un cerveau surpuissant et un tout petit cœur. Mère n’a pas de cerveau: elle ne pense pas, elle est trop intelligente pour ça.Merci Albert Camus. Mais elle a un cœur plus grand que toute la terre. C’est dans son cœur qu’elle nous fait grandir. Et nous n’arrêtons pas de grandir à la chaleur de son amour, même quand elle dort profondément, comme en ce moment.

 

 

Tout ça crée des difficultés. Le mur entre Père et Mère grandit plus vite que nous. On assiste, impuissants, à leur rivalité stupide, à leur éternel désaccord. Je ne dis pas qu’ils sont au bord du divorce, vu qu’ils n’ont jamais été mariés.

 

Les Matriarches

 

 

Bio-Énergie

 

Pour Noël, le seul cadeau que je veux c’est toi. Viens vite ô ma Déesse! Allons nous gaver d’amour jusqu’à en crever!!

 

 

Les vibrations des forces mentales sont les plus sophistiquées et donc les plus puissantes qui existent.
Charles Haanel