
Je viens de retrouver ce récit en classant de vieux papelards griffonnés — matière qui ne me manque pas, je vous prie de le croire. Écrit en 1987, cinq ans avant mon intitiation de l’arcane XIII, il conte comment je me suis ouvert au monde pur de la nuit. J’étais déjà bien avancé vers mon centre… Surgit de mon passé lointain, ce témoignage me bouleverse. Vous touchera-t-il autant ?
(Les textes en parenthèses sont écrit par le vieux de 76 ans que je suis devenu)
La madeleine retrouve le temps
Octobre 1987
Avant de m’engager résolument dans les méandres du passé, il convient d’instruire le lecteur du prodédé que j’utiliserai à cette fin : celui que Proust appelle la madeleine. Cette fameuse madeleine du Temps retrouvé, qui boucle la Recherche.du Temps Perdu, œuvre maîtresse de Marcel Proust Depuis Marcel Proust, aucune biographie digne de ce nom ne peut ignorer la technique proustienne. Elle est simple, solide, et relativement fiable. Ou pour dire mieux subjectivement fiable.
Pour Proust, ce fut le goût longtemps oublié d’une madeleine trempée dans une tasse de thé qui le fit soudain replonger au cœur de son passé, à cette époque où il goûtait cette madeleine et ce thé. Chacun de nous a vécu de la même façon une musique, une chanson, un air qui l’a aussitôt reporté dans une époque révolue, des vacances au soleil, une amourette, dont cette musique est devenue l’indissociable accompagnement.
Pour moi, ces incidents peuvent se contrôler. Proust a goûté par hasard une madeleine dans du thé, j’essaie d’isoler dans mes souvenirs les différentes madeleines qui ouvriront accès aux différentes périodes de ma vie.
Gemmes
Nous avons tous nos madeleines. Ce sont les gemmes qui scintillent sous la gangue de nos souvenirs. Tandis qu’un souvenir ordinaire ne nous transporte que mentalement dans le passé, une gemme a ce pouvoir de nous y replonger tout vivants. Et c’est notre être actuel qui redécouvre, éberlué, l’être qu’il fut jadis.
(Une gemme est une pierre fine, précieuse ou ornementale ou n’importe quelle matière très dure ou colorée ayant l’aspect de ces pierreries et utilisée comme ornement. On a bien compris que j’utilise ce mot dans un sens figuré)
Ce que l’on revit, ce que l’on revisite ainsi possède en soi bien des clés pour l’être total que nous sommes. Chaque aspect de mon passé qui sera évoqué dans les pages qui suivent aura été revécu, revisité par la grâce d’une gemme. Rien de plus facile, quand on a la gemme, que de remonter le temps. Le plus hasardeux est d’isoler la bonne gemme.

La clé du temps perdu
Pour y parvenir, il convient d’opérer, dans la cohue de nos souvenirs, un premier tri au terme duquel seront éliminés les fausses réminiscences, les souvenirs acquis a posteriori, les souvenrains poncifs de la mémoire, cette courtisane qui s’amuse à feindre.
Ensuite, dans la matière brute des souvenirs authentiques, on s’efforcera de déceler des amas, des nœuds, des portions où la trame du tissu mémoriel semble plus serrée. C’est au cœur de ces nœuds que se cachent les gemmes. Le nœud repéré, avec une patience d’horloger, on défilera brin par brin la toile confuse. Et sous la gangue apparaîtra la gemme.
Ce qui revient à écarter les vrais et faux souvenirs pour découvrir la clé secrète qui les assembla. Seule une telle clé peut ouvrir la porte du temps perdu.
Prime enfance
Un certain nombre d’anecdotes, ressassées par ma famille, me donnent des aperçus de quelques traits de ma prime enfance. Mais ce ne sont pas des souvenirs propres. Ils ont été médiatisés, embellis par cette tradition familiale de la littérature orale, et rien ne dit qu’ils aient été associés à une gemme. Comme tels, ils ne méritent pas de figurer dans une biographie autographe qui ne veut se fier qu’à l’observation directe.
Mon premier souvenir authentique remonte à cette lointaine époque de mes trois ans. C’était l’été 1952 dans les Alpes. Près d’un bourg nommé Le Grand-Bornand, mes parents avaient loué un châlet pour les vacances. Je distingue mal le châlet en question, mais je vois très clairement l’abreuvoir alimenté par une source fraîche, et la remise attenante où dormaient des piles de planches non équarries : un vrai trésor, pour des mômes.
Nous étions trois enfants, ma petite sœur naîtrait l’été suivant. Mes aînés, fille et garçon, des jumeaux de 8 ans, se servaient de ces planches pour construire des cabanes qui me semblaient autant de palais. Vers quatre heures, Maman nous y apportait des yaourts faits maison. Ce pique-nique dans notre demeure chaque jour changeante était un vrai délice. C’est grâce à cet instant précieux que je n’ai pas oublié, que je n’oublierai jamais.

Tout le temps dehors
Et c’est une chance ! Car cet incident, somme toute très banal, a la faculté de me repporter de plain-pied dans mon corps de trois ans : tel quel, je vois, je vis, je sens comme alors. Et le monde où j’évolue m’apparaît passionnant : un paradis perdu que je m’efforce de retrouver, tout en sachant que les efforts pour le retrouver sont inutiles, sinon nuisibles. Ils ne sollicitent que le mental, l’ego, qui est le principal blocage aux régressions.
Jusqu’à mes 3 ans, je baignais dans un monde essentiellement magique. Je n’avais pas conscience de mon individualité. Les seuls instants où je me souciais de mon corps, c’est quand un besoin pressant se faisait sentir, la faim, la soif, pipi, caca, dodo, libido… Et encore faisais-je endurer souvent mille tortures à ma vessie trop pleine quand une occupation captivante me dissuadait de satisfaire ce besoin naturel.
J’étais tout le temps dehors, pour employer un mot d’enfant. Je n’existais que dans ma relation avec les autres enfants, les animaux, les adultes, les objets… et, bien sûr, les images. Je n’étais pas encore une conscience monolythique et cernée, j’étais ce que je vivais, lisais, écoutais, disais, faisais.
Tout le temps hors de mon corps.
Cet état de symbiose spontanée avec ce qui est, combien d’années, combien d’efforts inutiles d’ailleurs, quelle patience m’a-t-il fallu pour le retrouver enfin — quoique bien fugitif…
Dieu s’en souvient
Être ce je dis, c’est vivre dans l’instant, suprême sagesse. Puis tenter d’être celui qui entend ce que je dis. Sortir du corps, quitter le moi, être enfin. J’ai erré toute mon adolescence le long de cette fausse piste. Je voulais être moi. J’allais à l’opposé. Le moi s’efface en face du Soi — le pouvoir d’être pour l’Être.
Toutes ces années bêtement perdues quand je ne parvenais pas à établir le contact avec une autre être vivant. Hors de la relation, point d’être. Ne pas pouvoir communiquer avec les autres, c’est ne pas pouvoir communiquer avec ce que je suis, avec l’Être en moi. Le blocage est interne, car je suis le milieu de tout. Milieu au sens de milieu naturel et non de centre géométrique. Quoique.
Mais qu’en était-il au juste de ce monde magique qui était alors mon être ? Une sorte de sphère m’enveloppant tout entier, une émanation quasi-sensorielle à l’intérieur de laquelle j’étais chez moi. Mon domaine était vaste. Je l’emportais partout avec moi. Et Dieu sait qu’il s’y passait de drôles de choses ! Dieu se souvient de mes elfes, de mes nymphes et tous mes nombreux amis du Petit Peuple. Dieu sourit encore en évoquant ma prosopopée des objets familiers.

Vivre la nuit
Cela survient au sortir de l’enfance, vers 14 ans… À cette époque, j’ai conscience de mon corps et de ses limites. Et si je suis moins dehors, certaines heures de la nuit sont propices à des incursions dans mon pays magique. Je commence alors à vivre la nuit, intimement convaincu que la vie rêvée était infiniment préférable à la vie éveillée. Elle en est tout aussi réelle, contrairement à ce que m’affirment les adultes. Je vois le monde à l’envers : la vie éveillée est celle des endormis, les seuls éveillés sont ceux qui s’en échappent.
J’écris beaucoup, la nuit. D’étranges poèmes que j’ai mis des années à comprendre. C’est pour plus tard que j’écrivais. Pour un vieux, moi peut-être, mais dans longtemps encore :
Ficelle alla cahin-caha
jusqu’à quatre vingt cinq ans
quand il fut bien vieux
il est venu me dire adieu
la terre se ferme sur mes pas
m’attends pas
Il ne s’agit pas de ce que les premiers surréalistes, tout imprégnés de spiritisme, appellent écriture automatique. Les poèmes qui jaillissent sous ma plume ne me sont pas dictés par quelque esprit individuel : je visualise en moi des images-forces, et des mots s’imposent alors pour les décrire.
Ficelle et Vieux Patate
- Aka Patato
- Sans Patate
- Adieu Vieux Pat
- Salades de Patate
- Papatoès Cacatoès
- Vieux Patate démasqué
- Moi Patate
- Chaud Patate
- Ainsi parlait Kashtabalda
- Personne ne te croira
- Les mots qu’il n’a pas dit
- Chevalier de la Ficelle
- Les années Patate
- Tous les vieux
- L’homme haussant femmes
- L’esprit des profondeurs

Idées précoces
Je dessinais, aussi. Les motifs réalistes qui venaient au bout de ma brosse ou à la pointe de mon crayon racontaient d’incompréhensibles légendes, que je mis des mois, des années à décrypter. J’étais un visionnaire. J’ai prévu sans m’en douter d’innombrables épisodes décisifs de ma vie future, sans qu’il me soit possible, le plus souvent, de comprendre ces messages autrement qu’après coup.
À trente-huit ans subsistent encore certains textes écrits depuis vingt ans qui me résistent effrontément.
(Il me faudra attendre quelques trente ans de plus pour en faire le tour…)
Je me souviens d’avoir lu je ne sais où que toutes les idées d’un homme lui viennent dans les vingt premières années de sa vie. Après, il s’efforce de les comprendre, de les digérer, et dans le meilleur des cas, il les exploite. La plupart des gens les oublient.
Je partage ce point de vue. J’ai même l’impression que les états les plus enviables m’ont été donnés, à titre d’échantillons gratuits, avant l’adolescence.
À quoi bon ?
Extérioriser, se promener hors de son espace physique, se voir de l’extérieur, souvent du dessus, en plongée, je l’ai vécu il y a longtemps. C’était durant les vacances de Pâques 1968. J’ai pieusement conservé les poèmes, dessins et chansons que cet épisode m’inspira.
Par une radieuse après-midi de dimanche pascal, les cloches sonnaient au bourg d’Erquy, je bêchais la terre dans le jardin en pente. Soudain il me parut que la bêche était un prologement de mon corps, que mes mains sur le manche en bois étaient cette bêche, ainsi que mes bras, mes épaules et mes reins douloureux. Plus je m’observais dans le gazouillis des oiseaux de printemps et le brouillard sonore du carillon, plus il me semblait reculer au-delà de moi-même.
Vint l’instant où je me situais à quatre ou cinq mètres au dessus de mon corps. Je sursautais en me voyant, de dessus, bêchant la terre. Parallèlement, un sentiment d’à quoi bon ? m’envahit, s’imposant à moi au point de me faire voir ma vie, mon action présente, mon moi quotidien comme autant d’inepties sans fondement.

Pas vacciné
Le jardin où je me trouvais à cet instant offrait une forte déclivité qui m’incitait à m’élever au-dessus de moi, en suivant la pente du terrain. Et dans cet état inédit, j’eus comme une vision des semaines qui venaient. Ce calme olympien d’un dimanche de Pâques me fit entrevoir les agitations frénétiques du mois de mai qui allait suivre.
Alors, tout imprégné de cette frénésie, je regagnais mon corps quasi mort, et dès que je pus rejoindre ma chambre, je me mis à écrire et à peindre. Avec un surprenant recul, une philosophie sereine et détachée, mes poèmes et mes dessins traçaient les évènements de mai 68 et surtout leurs implications sur mon existence future.
(À l’époque je n’en savais rien)
J’étais prévenu, mais comme je ne savais ni le jour ni l’heure, je n’étais pas vacciné. C’est pourquoi le printemps et l’été 68 m’ont fait plonger comme tous ceux de mon âge, sans pouvoir me prévaloir d’un sentiment de déjà vu, déjà vécu qui m’aurait épargné bien des tâtonnements, et sans doute fait gagner plusieurs années d’errance.
Éducastration
À quoi bon refaire l’histoire ? C’est elle qui m’a refait. Je ne lui en veux pas, c’est du passé, cela n’est plus. Quant au futur différent qui aurait été le mien, je m’en soucie comme d’une guigne. Mes efforts ont été vains, c’est en lâchant prise qu’on progresse. L’histoire d’un être est une recension de ses renoncements. Dis-moi ce que tu as, je te dirais ce que tu n’es pas.
Tout se passe comme si l’éducation venait déposer, au fil des ans, ses couches de tartre sur l’ivoire primitif de l’être-au-monde. Le plus long ensuite est de dénicher un dentiste de l’être remboursé par la sécu. Disons un dde honnête, ça fait moins assisté.
(Ce fut Jean-Claude Flornoy, mon passeur d’âme. Il survint quatre ans plus tard en mai 1992)
De mon côté, j’ai tiré la sonnette de multiples cabinets dentaires de l’être : scientologie, sahaja-yoga, bouddhisme zen, écologie, tantrisme, soufisme, rosicruciens, maçons… Partout j’ai trouvé à boire et à pisser. J’ai bu la tasse. Jusqu’à la lie. Et j’ai pissé chaud et dru tout ce qui ne me réussissait pas bien. Oui, tout.

Pur et digeste
Je suis mon seul critère de bien-fondé. L’être vivant ou le livre qui dilate mon cœur, qui diffuse un souffle frais dans mes paumes ouvertes, cet être est pur, pour moi, et digeste. Tout ce qui me ferme est à proscrire.
(Flornoy m’était pur et digeste. Un guerrier impeccable.)
Incidemment j’ai pu éradiquer l’intolérance intellectuelle et spirituelle. Mais je n’étais pas encore satisfait.
« Celui qui boira de cette eau n’aura plus jamais soif. » J’étais de plus en plus assoiffé. À mesure que j’avançais sur ces sentiers que l’herbe folle efface, à mesure que je m’élevais au-dessus de ma misérable condition matérielle et sociale, à mesure que je goûtais au nectar d’ambroisie, à l’hydromel du peuple élu, à l’air si pur des cimes, je mesurais avec plus de consternation l’immense étendue sans jalons qui me restait à parcourir.
J’avais intensément soif de connaissance et je ne savais plus à quel saint, ni à quel livre me vouer.
Zéros disciples
J’avais appris à fuir les gourous comme la peste. J’exécrais ces faux prophètes à qui Nietzsche disait : « Ne faites pas de disciples, vous ne ferez que des zéros. » Ni dieu ni maître. Le seul pouvoir qui m’intéresse est le pouvoir sur moi. (C’est encore mon cas cinquante ans plus tard.)
Régner sur les autres me semble le comble de la maya et totalement dépourvu d’intérêt.
(La maya c’est l’illusion, terme mis à la mode par le Beatle George Harrison, grand mystique, immense bonhomme. Il chantait “Watch out now, take care, beware of soft shoe shufflers / Dancing down the sidewalks, as each unconscious sufferer wanders aimlessly / Beware of Maya.” Ce qui signifie « Sois prudent là, fais gaffe, méfie-toi des traîtres en pantoufles / ils dansent sur les trottoirs, où tous les paumés déchirés errent sans but / Attention à Maya. »)
Quel être sensé se cherche des émules ? Le vrai maître n’est pas celui qui cherche des disciples, mais celui qui cherche à faire de toi ton propre maître.
Un ami me prêta un livre de Rudolf Steiner.
Plus jamais seul
Mais cette philosophie radicale avait l’inconvénient de me rendre particulièrement méfiant à l’égard de toute secte, aussi désintéressée semblait-elle. Où trouver les nourritures spirituelles qui me faisaient toujours plus cruellement défaut ?
Alors un ami me prêta un livre de Rudolf Steiner. Choc ! C’était tout à fait ma pointure, au point que je fus, pendant des semaines, totalement dépité de constater que mes études de philo et d’art ne m’avaient même pas appris le nom de ce vrai sage. Depuis j’ai comblé mes lacunes. Je crois avoir lu la plupart de ses livres, ainsi que les transcriptions de ses multiples conférences.
Mais je reviens toujours à ce petit livre, petit par le format mais immense par l’effet, qu’il a nommé L’Initiation. Il y a dans ces deux cents pages de quoi nourrir cent ans de méditation.
Cent ans de solitude à se réjouir, enfin, de la certitude inébranlable que je ne serai plus jamais seul.
(Sur ce point, je me trompais lourdement. Le sage est toujours seul dans ce monde en folie)
Chez nous
Steiner est mon auteur de chevet. Sur les ailes de ses visions sublimes, la conscience bascule dans le monde de l’esprit, presque tous les soirs, quand nous rentrons chez nous. La nuit m’est toujours aussi propice et j’arrive à me souvenir en plein soleil de mes aventures au clair de lune. Plus besoin de tuer mes nuits à écrire. Je sais vivre mes nuits avec une intensité, une présence plus grande encore que ma vie diurne.
La vision confuse que je m’étais faite de l’univers visible et invisible, les intuitions prégnantes et contradictoires qui me traversaient, tout ce qui avait imprimé sa marque au fond de moi trouvait dans l’œuvre de Steiner sa raison d’être et sa justification éclatante. Y compris d’antiques certitudes indémontrables datant de mes vies antérieures.
Pourtant j’avais pris soin de mettre en route mon détecteur de gourous. Steiner ne m’a rien imposé. Doucement, il s’est posé sur moi pour me rappeler nombre d’évidences que j’avais toujours su. Mais la chair oublie vite. Et l’absence première, celle de l’Être, le petit moi s’y habitue. En dévorant l’Initiation me revint en évidence cette énigme du Fils de l’Homme : « Quand vous connaîtrez la Vérité, vous verrez qu’elle est tellement simple que même les enfants peuvent la comprendre. »
Sans doute voulait-il dire que les enfants s’en souviennent encore quand les adultes ont tout oublié.

La suite non écrite
Livre 2
À qui n’a pas dressé sa vie à une certaine fin, il est impossible d’anticiper les actions propices. Il est impossible de bien disposer les pièces à qui n’a pas la forme du total dans sa tête.
Le pire état de l’homme, c’est quand il perd la connaissance et le gouvernement de soi. Alors il devient esclave. Aussi les puissants encouragent-ils l’ébriété. Et parfois les poètes font de même…
Regardant sous soi, si quelqu’un s’enivre de sa science, qu’il regarde au-dessus vers les siècles passés. Il baissera les cornes face à de grands esprits qui le foulent aux pieds.
Enivrez-vous
Il faut être toujours ivre, tout est là ; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise. (Charles Baudelaire, In Les petits poèmes en prose)

Citations
« Morte carent animae semperque priora relicta sede novis domibus vivunt habitantque receptae » — « Les âmes ne meurent point mais, après avoir quitté leur premier domicile, elles sont reçues en de nouvelles demeures où elles vivent et habitent. » ~~Ovide, Métamorphoses, XV 158
« Je connais par moi combien Dieu est incompréhensible puisque les pièces de mon être propre, je ne puis les comprendre. » ~~Bernard de Clairvaux
« Et Dieu en effet se répand partout, dans les terres, dans l’étendue des mers, dans le ciel; de lui bétail petit et gros, hommes, bêtes sauvages, chaque être en naissant emprunte les principes de vie. À lui ensuite ils reviennent et tout ce qui est dissocié retourne à lui : il n’y a nul lieu pour la mort. » ~~Virgile, Géorgiques, IV 221
L’auteur
- Erquy, l’antique Rekinea
- Mes quarante habitantes
- Qui je suis ?
- Maisons d’arbre
- Xavier par moi-même
- Mon père, cet inconnu
- Loulou m’a dit
- Mon chemin d’éveil
- Cinéphile
- Autoportrait
- In Memoriam Devic
- Quatorze février
- Ami Devic
- Dix ans déjà
- Adieu mon Stef
- Confession publique
- Mes vies parallèles
- Renaître
- La chance que j’ai !
- Haute solitude
- Je l’apprends
L’affaire Jésus
- Jésus d’Avignon
- Jésus l’absent
- Le secret de Jésus
- Improbable Jésus
- Jésus et ses modèles
- Hénoch et Jésus
- Osiris et Jésus
- Ésus Christus
- Orphée le Christ
- Le Christ Lucifer
- Le secret de Marie
- Christianisme et mithraisme
- Le Chrisme parle
- Où est le Moyen-Age ?
- Sept siècles fictifs
- Dionysos fils de Dieu
- Dionysos le dieu double
- Saint Graal, l’enquête
- L’apocalypse de Zachée
- Les dessous cachés de Zachée
- L’hérésie de Simon
- Foutus magiciens
- Les deux christianismes

Connais-toi toi-même. Fais le point sur ta vie intérieure. Inscris-toi au stage d’éveil.

