Ce phénomène est observé chez certains mystiques. On l’appelle incendium amoris, l’incendie de l’amour. Cette sensation de chaleur est attribué à Jésus. Pourtant ce phénomène se produit aussi hors de tout contexte religieux. Associé à l’amour inconditionnel, il est la cause d’une mort choisie et non subie.
Consignés du 18e siècle jusqu’au début du 20e, des sorciers de village ont été décrits comme étant capables d’allumer le feu intérieur pour quitter le monde en ne laissant pas de traces. Excepté quelquefois un rond noirci sur le carrelage de leur cuisine, et quelques orteils autour, non complètement consumés. Ces sorciers ont trouvé le moyen de quitter ce monde sur la pointe des pieds, une pointe qu’ils ont laissée derrière eux, seule trace de leur passage sur terre.
C’est la prouesse qu’accomplissent tous les êtres engagés dans la recherche de la liberté totale, comme le sont les nouveaux voyants décrits par Carlos Castaneda. J’appartiens à ce cycle. Après une nuit de rudes combats contre des entités astrales, diables incubes ou archontes lugubres, je pense avoir trouvé à ce feu qui consume la chair une explication cohérente, sinon rationnelle.
Avant, voyons donc ce que disent les mystiques qui ont éprouvé ce feu brûlant qui vient du cœur. Ainsi a-t-on célébré le Sacré Cœur de Jésus. J’aurais tendance à croire que l’amour inconditionnel leur a joué un bon tour, et comme ces mystiques étaient rien moins qu’éveillés, ils n’y ont vu que du feu… Mais n’anticipons pas.
« Tu es un feu toujours brûlant ; tu consumes et tu n’es pas consumé. Par ton feu, tu consumes toute trace d’amour-propre dans l’âme. Tu es un feu qui chasse toute froideur et illumine les esprits de sa lumière, et c’est par cette lumière que tu as fait connaître ta vérité. »
Sainte Thérèse d’Avilla (1515-1582)
« Dieu pourrait être comparé à une fournaise ardente, d’où une petite étincelle vole dans l’âme qui sent la chaleur de ce grand feu, qui, cependant, est insuffisante pour le consumer. La sensation est si délicieuse que l’esprit s’attarde dans la douleur produite par son contact. Cela me semble la meilleure comparaison que je puisse trouver, car la douleur est délicieuse et n’est pas vraiment douloureuse du tout, et elle ne continue pas toujours au même degré; parfois elle dure longtemps; à d’autres occasions, elle passe rapidement. »
Saint Jean de la Croix (1542-1591)
Père Paul de Moll (1824-1896)
« Quand vous entrerez dans l’église le matin, ce sera comme une fournaise ardente; du feu partout, le feu de l’amour de Dieu pour vous accueillir. Vous ne verrez pas ce feu, mais toute l’église en sera remplie. »
« Ô amour ! Ô amour infini de Dieu ! Ô doux amour, plus doux que le miel ! Ô océan d’amour ! Enflamme mon cœur du feu sacré de ton saint amour ! Mon nom est amour. »
Père Johann Baptist Reus (1868-1947)
« Il me vint au cœur un tel embrasement que je ne pus l’atténuer qu ‘en me laissant aller à pousser les plus vifs gémissements. Cet amour, qui venait d’en haut et qui enflammait mon cœur de façon sensible, s’accrût à un point tel que je fus incapable de le supporter davantage, c’était indicible. »
« Je ressens réellement ces flammes. Comment ? Je n’en sais rien. Mais la réalité est là. C’est une douloureuse et suave sensation de brûlure, qui m’amène au bord de l’évanouissement »
À son confesseur, elle affirme qu’il lui semble avoir à l’intérieur de toute la poitrine un feu ardent qui peu a peu consume son organisme. Plus d’une fois, le prêtre en constatera les manifestations extérieures : « Hier matin, outre les yeux qu’elle avait resplendissants, elle montrait un visage enflammé ; et de la bouche sortait comme la chaleur d’un feu. J’ai moi-même pu noter fort bien le fait, parce que j’ai senti cette chaleur, semblable à un souffle embrasé. »
Mère Yvonne-Aimée de Malestroit (1901-1951)
« La lumière, votre lumière, est descendue sur moi, et j’ai senti, en tout mon être, comme la fraîcheur d’une cascade et en même temps (j’étais) comme plongée dans un océan de feu divin. »
Catherine-Michelle Courage (1891-1922)
« J’ai ressenti dans mon cœur une chose mystérieuse : c’est un feu qui me consume, me délecte autant qu’il me torture, mais qui m’apaise et me consume. Ah, si je mourrais d’amour, quelle belle mort ! »
« Je suis sous l’action d’un feu intérieur, qui me brûle et paraît vouloir me consumer. Dans la région du cœur surtout, ce feu est si intense que mon linge en est roussi. La personne qui lave mes flanelles s‘en est aperçue et, aux questions qu’elle m’a posées, je ne savais trop quoi répondre. »
« Depuis hier matin, la brûlure du côté est devenue encore plus intense. Voici l’explication que m’en a donnée Jésus : Ma chère épouse, j’ai fait de ton cœur une fournaise, tu as beau vouloir en renfermer les flammes, quelque chose s’en échappe au dehors, je le permets pour le bien des âmes. »
Pour en savoir plus, reportez-vous au site d’où j’ai tiré ces citations.https://www.pascalbizet.com/fr/mystiques-chretiens-saints-kundalini/
Que dire, sinon que nous avons lu autant d’exemples de découvertes émotionnelles. Comme tous les occidentaux, Carlos Castaneda est trop pressé. Au moindre signe de progrès, il se précipite vers son benefactor le sorcier Don Juan Matus qui répond : « Ne compte pas sur les découvertes émotionnelles. Laisse d’abord ton point d’assemblage (PA) se déplacer, puis, des années plus tard, fais ta découverte. » (source)
Attention. Je ne suis pas Juan Matus, loin de là. Je ne veux pas me comparer à lui ou à un quelconque des guerriers qu’il a formé. Il se trouve que j’ai été l’apprenti d’un Français de mon âge qui a retrouvé cette pratique après avoir reçu l’éveil par la foudre. La filiation avec le nagualisme peut sembler ténue, mais elle est réelle. Certes, les conditions de vie et l’énergie de la douce France n’ont aucun rapport avec celles du Mexique.
Malgré ces différences réelles, mon benefactor m’a initié à la façon d’un nagual. Et j’ai pris sa suite avec joie, sans restriction aucune. Nagual ou pas, je suis confronté à la même impatience de la part de celles et ceux qui me font confiance pour atteindre l’éveil. C’est le seul objectif. L’éveil n’est pas un acte religieux. On peut s’éveiller de multiples façons, accidentelles ou volontaires. Mon benefactor a été éveillé par la foudre. Et moi par une électrocution. D’autres ont pu l’être par un choc émotionnel.
« Don Juan concevait la maîtrise de la conscience comme la version contemporaine d’une très ancienne tradition qu’il appelait la tradition des anciens voyants toltèques.
Bien qu’il se sentit intimement lié à cette ancienne tradition, il se considérait lui-même comme l’un des voyants d’un nouveau cycle. Le principal caractère de ces nouveaux voyants est qu’ils sont les guerriers de la liberté totale. Ils possèdent une telle maîtrise de la conscience, de l’art de traquer et de l’intention que la mort ne les surprenait pas comme elle surprend les autres mortels, mais qu’ils choisissent le moment et la forme de leur départ de ce monde.
Le moment venu, ils sont consumés par un feu intérieur et s’évanouissent de la surface de la terre, libres, comme s’ils n’avaient jamais existé. » (source)page 11 de l’édition originale Témoins/Gallimard et non du Folio. Toutes les références de pages données ici se rapportent à cette édition
« Les guerriers de la liberté totale ont pour seul objectif la libération ultime qui survient lorsqu’on accède à la conscience totale. On entre alors dans la tierce attention, et on allume le feu du dedans. » (page 127)
Mais avant d’obtenir cette liberté définitive, avant d’accéder à la conscience ultime, le guerrier impeccable est sujet au doute. Il se questionne, ce qui le ramène dans le mental, donc dans l’ego. Et dans l’ego, dans le monde virtuel de la réalité ordinaire, il devient la proie des Archontes.
L’homme moyen cherche la certitude dans les yeux d’un spectateur et nomme cela confiance en soi. Le guerrier cherche à être impeccable à ses propres yeux et appelle cela humilité.
Maîtres de la Matrice, experts en illusion, les Archontes le soumettent à la tentation. À la vitesse de la pensée, le voyant traverse une infinité de mondes possibles, tous inexistants, mais qui ont l’air tout à fait réels, et même plus convaincants que la réalité ordinaire — qui est virtuelle aussi. Un voyage déstabilisant pour l’esprit, éreintant pour le corps.
« Mon corps était sans force. Je pouvais à peine me tenir debout. Mais jambes finirent par céder et je m’assis, puis je m’étendis sur le côté. Tandis que j’étais couché là, j’éprouvais envers Dieu, envers le divin, les pensées d’amour les plus merveilleuses et les plus gratifiantes. » (p.130)
On retrouve dans cette flambée les mêmes sentiments que ceux de nos mystiques chrétiens, bien que le mysticisme n’ait rien à voir ici. C’est seulement la position du point d’assemblage qui est la même dans les deux cas.
Comme les fous de Jésus, Castaneda va faire une série de découvertes émotionnelles. Elles sont sans valeur, mais le guerrier est persuadé du contraire tant elles s’imposent avec force à tout être épris de merveilleux. En lui ressurgit l’enfant qui s’extasie devant les contes de fées.
« Puis je me trouvais soudain devant l’autel principal d’une église. Les bas-reliefs couverts de feuilles d’or scintillaient sous la lumière de milliers de cierges. (…)
Je vis une foule de gens, une mer de cierges qui s’avançaient vers moi. Je me sentais rempli d’allégresse. Je courus pour me joindre à eux. J’étais mû par un amour profond. Je voulais être avec eux, prier le Seigneur. Je n’étais qu’à quelques pas de la foule quand quelque chose m’écarta de là, dans un sifflement.
L’instant d’après je me trouvais avec don Juan et Genaro. Ils m’entouraient tandis que nous nous promenions paresseusement dans le patio. » (p.130)
Telles sont les découvertes émotionnelles. De purs phantasmes qui nous font vivre les plus inouïs des frissons d’amour pour le genre humain, avant de comprendre que la seule cause de ces illusions est le déplacement de notre point d’assemblage.
Le lendemain, don Juan explique que Genaro avait déplacé le point d’assemblage de Castaneda parce qu’il s’était trouvé dans un état de silence intérieur. La constante qui domine toutes les actions des voyants est l’interruption du dialogue intérieur.
« C’est le dialogue intérieur qui maintient le point d’assemblage fixé à sa position d’origine. Une fois que l’on est parvenu au silence, tout est possible. » (p.130)
Les plus anciennes cultures d’Asie, d’Afrique, d’Océanie et d’Amérique latine répètent cette vérité trop négligée. Ainsi, comme je l’ai souvent cité, Didi le fou l’explique à Tintin dans le Lotus Bleu.
Là où il y a une volonté, il y a un chemin.
Le dialogue intérieur s’interrompt comme il commence : par un acte de volonté. « Tu l’as voulu et par conséquent tu as posé une nouvelle intention, un nouveau commandement. Et ton commandement est devenu le commandement de l’Aigle. » (p.100)
C’est là une des découvertes les plus extraordinaires des nouveaux voyants : le fait que notre commandement puisse devenir le commandement de l’Aigle. Le fait que notre esprit, et non notre mental réactif ou émotionnel, puisse édicter des nouvelles lois qui auront pour nous valeur universelle. Nous nous serons aussitôt affranchis des anciennes règles. Et nous accèderons à la pleine conscience.
« Les guerriers n’accèdent à la pleine conscience que lorsqu’ils n’ont plus de suffisance en eux. La suffisance est la force qui motive tout accès de mélancolie. » (p.128) Je la connais encore souvent, cette tristesse sans cause. Sans doute suis-je encore captif de la suffisance, cadeau des les dieux d’avant. Les Archontes. Les Archanges. Nos maîtres. Les administrateurs de cette planète… Que d’étiquettes pour le même flacon !
Je dois toutefois apporter un bémol à cette phrase catégorique que Carlos Castaneda met dans la bouche du nagual Matus. « La suffisance est la force qui motive tout accès de mélancolie. » (p.128) C’est vrai, mais cette tristesse sans cause permet des actions où la suffisance n’intervient guère. Elle préside à l’ouverture du cœur. Cette tristesse est la condition nécessaire et suffisante pour ouvrir la voie de l’amour inconditionnel. Sans cet amour absolu, total et non religieux, aucun voyant ne peut ni aider ni guérir.
On notera que Don Juan se contredit un peu plus tôt, à la page 100. Dans la vie du guerrier, dit-il, il est tout à fait naturel d’être triste sans raison manifeste. Juan Matus donne la cause de cette tristesse, tout autre que la suffisance : « Rien ne suscite une plus grande solitude que l’éternité. Et rien ne nous est plus douillet que d’être un être humain. » (p.100)
Les anciens voyants pouvaient défier la mort en prolongeant indéfiniment leur vie terrestre sous l’apparence de fantômes. Les nouveaux voyants défient la mort en faisant de leur commandement un commandement de l’Aigle.
La solitude de l’éternité est le lot des nouveaux voyants. J’appartiens à ce cycle, comme ceux qui me font confiance, Loups Volants, fils du Clan du Loup, éveillés à l’issue d’un stage auprès de moi. Un guerrier impeccable choisira en toute liberté le bon moment pour quitter ce plan. Je compte bien y parvenir. Quand le moment sera venu, déclenchant la plus forte des montées de kundalini, je saurais fermer hermétiquement le chakra couronne.
L’énergie se déployant à travers mon corps ne trouvera aucune possibilité de sortir par la fontanelle. La surcharge se fera vite sentir. Alors s’allumera le feu intérieur qui me consumera en un éclair de chaleur et de lumière. Un spectateur pourrait voir du feu sortir de mes neuf orifices. Il s’agit du feu intérieur des amants de Jésus, du feu du dedans des guerriers du nagual, et du feu terminal des sorciers de village que j’évoque en début d’article.
Et tandis que je prendrai mon vol vers les étoiles, tandis que je dépasserai le trou noir du centre galactique pour me perdre dans l’infini, tandis que je tracerai ma route solitaire vers l’éternité, cinglant sur une mer de lumière toujours recommencée, il ne restera de moi sur le carrelage qu’un simple rond de fumée noire, et autour, deux ou trois orteils incomplètement calcinés.
« J’ai déjà reçu le pouvoir qui gouverne mon destin.
Et je ne m’accroche à rien, pour n’avoir rien à défendre.
Je n’ai pas de pensées, pour être capable de voir.
Je ne crains rien, afin de me souvenir de moi-même.
L’Aigle me laissera passer, serein et détaché, jusqu’à la liberté. »
Qui a creusé ces galeries et ces villes souterraines, et pourquoi tout ce travail ?
"J'en ai haussé des femmes ! J'en ai osé des flammes !" (Cahiers Ficelle, inédit)
En 1312, l'empereur du Mali regagne l'Amérique, le continent de ses lointains ancêtres.
Le symbole suggère, l'image montre. Que montre le caducée, arme d'Hermès ?
Ils viennent de la littérature, de la bd, de la pop, de ce qui court,…
Leur mouvement permet la vie, leur ouverture permet la clarté, leur vigueur permet l'éveil.