Petit ou grand, un puzzle se commence toujours par les bords. Les pièces des bords sont plus faciles à trouver. On dispose les pièces qui nous attirent, celles qu’on reconnait. Essais, erreurs. C’est comme ça que j’ai commencé la Saga d’Eden que vous lisez de plus en plus nombreux… Surtout en Chine !
On m’a dit que mes derniers textes étaient pleins d’amertume. Ça arrive. Qu’on se rassure, tout arrive et s’en va. C’est la loi. Oui, je reconnais mon état amer d’alors. Mais c’est du passé. En attendant que ça revienne — c’est la rengaine.
La mort m’a titillé les glandes à maintes reprises ces temps derniers. J’en avais oublié que j’étais immortel, comme je peux être distrait ! L’âme et la mort... Certes j’ai un âge vénérable. Mais je déteste qu’on me vénère. Ça me rend vénère… Quoi qu’il en soit, L’Âme et la mort est un des chapitres les plus fournis. Faut croire que ça me titille. Eh ouais, j’ai largement dépassé l’âge où on se croit immortel.
Tenez, regardez voir la liste des titres. Et cliquez sur celui qui vous parle le plus. Même et surtout si vous n’avez pas 76 ans…
Rutebeuf est un grand poète du 13e siècle. Il a beaucoup écrit sur la déchéance, la misère, la pauvreté, la vieillesse et toutes ces choses fort gaies. Mais a su en parler avec grandeur et dignité. Léo Ferré avait mis quelques-uns de ses vers en français moderne. Pour vous, j’ai continué son œuvre. S’il est mélancolique, ce texte n’a rien de triste. Je l’ai toujours trouvé magique. Grisant. Prenant… Servez-vous, c’est cadeau.
Rutebeuf (1230-1285)
Quand vient le temps qu’arbre défeuille
quand il ne reste en branche feuille
qui n’aille à terre
par la pauvreté qui m’atterre
qui de partout me fait guerre
au temps d’hiver
Combien se sont changés mes vers
mon dit commence trop divers
bien triste histoire
peu de raison, peu de mémoire
m’a donné Dieu, le roi de gloire
et pauvres rentes
Et froid au cul quand bise vente
le vent me vient, le vent m’évente
point ne délivre
je sens venir le mauvais temps
La grièche* a promis autant
qu’elle me livre
Elle me paie bien et bien me sert
contre le sou me rend la livre
de grand misère
quand pluie me trempe ou chaud me tient
maudit le sort qui est le mien
d’un pauvre hère
Le monde est plein de malfaisants
et qui ruse le plus s’en vante
moi qu’ai-je fait
qui de pauvreté sens le faix
grièche ne me laisse en paix
tant me tourmente
Les dés m’ont pris m’ont enfermé
dans trop de lieux trop mal famés
en trop grand nombre
fol est qui leur conseil habite
de son débit point ne s’acquitte
mais bien s’encombre
Mes membres sont nus si souvent
qu’en été ne cherche ni vent
ni chambre fraîche
le mauvais lot de la grièche
m’a dépouillé mieux que carème
et nul ne m’aime
*Griesche ou grièche, nom féminin, signifiait alors aventureux, méchant, douloureux. Aujourd’hui on dirait la galère, d’où mon titre. Grièche n’a subsisté qu’en noms composés : ortie-grièche, pie-grièche…
Allons, il faut hisser la voile et cingler vers des mers plus belles. Vous qui me lisez, chers amis, vous complétez aussi votre puzzle intérieur, vous cherchez à boucher les trous du paysage, les failles historiques, les imprécisions de vos souvenirs scolaires… Vous puzzlez, je puzzle, tout le monde est en puzzling constant. Serons-nous jamais finis ? Parviendrons-nous à combler nos manques, effacer nos lacunes, perfectionner nos attitudes, réguler nos comportements, remplacer la griesche d’hiver par la joie du printemps ?
C’est là tout le mal que je nous souhaite à toutes et à chacun : la complétude. L’accomplissement. L’éveil de cette puissance qui dort et qui serait mieux venue déployée dans toute son ampleur. Comme Eden Saga.
Si l’éveil est précieux, le sommeil le devient, car pour un éveillé le sommel est divin.
Parviendrai-je à remplir les manques ? Aurais-je assez de temps pour colmater les trous qui restent ? Chaque nouvelle avancée m’oblige à rectifier pluisieurs versions anciennes, des pièces hasardeuses, des morceaux qui ne vont plus dans le puzzle, qui n’étaient pas à leur place. Ou qui tombent en morceaux…
Parviendrai-je à déployer un étendard qui ne soit pas bouffé aux mites ? Les mites du temps, les asticots de la mémoire ont grignoté tant et plus, difficile de m’y retrouver. Notre passé bien trafiqué s’étend derrière moi comme un miroir terni. Le taint presque parti lui donne un teint flétri. Bien malin qui le comblera. J’ai plus de chance à combler ma belle au lit qu’à faire jubiler mes articles. D’où l’amertume.Quelle amertume ? Faut arrêter cette rengaine !
Mais aujourd’hui je veux chanter. L’hiver qui vient sera pénible, autant que le mien qui jamais plus ne s’en ira.
Quand vient le temps qu’arbre défeuille
quand il ne reste en branche feuille
qui n’aille à terre,
par la pauvreté qui m’atterre,
qui de partout me fait guerre,
au temps d’hiver
Je suis né chanteur, j’ai passé ma jeunesse à rêver de scène et à monter sur toutes celles qui se sont offertes. Avec l’âge mûr, je n’ai plus chanté que pour mon magnéto. Avec la vieillesse, je chante pour moi in petto, ou allegro forte si personne ne peut m’entendre, car j’aime toujours autant chanter qu’un rossignolet croquignolet. Sans souci des ans et des peines, il chante, c’est son art de vivre. Et le mien itou.
Ce site est une chanson que j’entends seul. Piano, pianissimo, elle va comme on danse, et plus j’y pense, plus c’est intense. Forte, fortissimo.
Puzzle tu te ris de moi, tu sais que je n’aurais pas le temps de t’achever, dussé-je vivre cent ans, cent trente ans, voire mille ans.
L’impossible accord entre mon rêve et ce réel qui pique, hostile, inconnu. Un réel qu’il me faudrait apprendre un peu chaque jour, mais non, au contraire je le fuis, je l’exécre et je vis seul au milieu des ruines qui me tiennent lieu de passé. C’est assez, c’est tassé.dit la baleine
Et cette manie des jeux de mots laids ! Il n’y en a pas dans la version anglaise, c’est sans doute pourquoi elle compte plus de lecteurs que la française, qui reste ma préférée. Récemment un flux venu d’extrême orient vient d’emporter la victoire : j’ai plus de lecteurs chinois que de francophones ! Car ils me lisent en anglais… Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera, avait écrit Alain Peyrefitte. On dirait qu’elle a fini par le faire et le monde ne tremble pas encore — il a tort. Attendez voir ce que ça va donner dans quelques années.
Les pays leaders de cette planète, il y en a eu des tapées depuis les 4000 ans que dure cette humanité, la cinquième depuis l’origine, il y a euh! quatre milliards d’années. Mais oui, au tout début, les humains étaient déjà là. Avant les dinosaures. Et gigantesques : cinquante mètres et quelques. D’ailleurs, même avant les débuts de l’univers, il y avait déjà des humains. Humanoïdes ou appelez-les comme vous voudrez. J’en ai vu quatre. Tellement grands que tout le multivers tenait dans leur labo…
Dans l’ordre de leur entrée sur scène, les pays dirigeants furent l’Inde, la Chine du sud, Sumer, la Mésopotamie, le centre de l’Afrique, l’Égypte, les Celto-Vikings et les Germains, l’Amérique, et tous ces pays étaient peuplés de géants noirs, car la race noire fut créée en premier. Elle a dirigée cette planète pendant plusieurs millénaires.
Vint ensuite la race jaune qui occupa toute l’Asie, l’Océanie et la côte ouest des Amériques. Puis vint la race blanche, avec la Grèce, Rome, la Gaule romaine, l’Espagne arabe, tout d’abord en étroite collaboration avec les dirigeants noirs. Ces derniers, des géants de 4m, doués d’un savoir et d’une sagesse sans équivalents, furent longtemps considérés comme des dieux. Peu à peu, leur suprématie s’est effacée.
Les Blancs ont occupé la France médiévale, qu’ils durent partager avec les Jaunes, Attila et les Huns, les Tartares — puis l’empire romain d’Orient à Constantinople, l’actuelle Istamboul…
Ensuite, longtemps après, les Noirs furent totalement déconsidérés, emmenés en esclavage, etc.
Ces allées et venues ont demandés nombre d’exils, d’exodes et de voyages. Il y eut ainsi de prodigieux déménagements tout au long de notre histoire récente, la seule qu’on étudie en classe. Et avant celà, tout au long de la proto-histoire…
J’ai fait ce site de la même manière. Ce que je viens de vous conter, je l’ai découvert par bribes au fil des années. Quand ce site grimpa sur la toile en 2008, il y avait déjà une vingtaine d’années que j’y pensais très sérieusement. Suite à mes voyages, j’ai pris des notes au hasard de mes lectures. Je racontais mes rencontres, nombreuses, fructeuses, délicieuses. Je revivais la route, sac à dos, strict minimum, le pouce en l’air à travers l’Asie d’abord, le reste du monde ensuite.
J’avais beaucoup appris par mes études portant sur la philosophie, la sagesse antique, l’art et la science du beau, le développement personnel. Je n’ai jamais cherché à atteindre une quelconque qualification qui m’aurait ouvert une carrière. Notre génération n’était pas carriériste comme celle qui monte à présent.
Dans les années 70, malgré le nombre de jeunes impressionnant, trouver du boulot était chose très facile. Partout on embauchait, la France s’était enrichie grâce à ses colonies, l’argent coulait à flot. On pouvait très bien vivre d’un mi-temps, et même toucher le chômage tout en voyageant à travers le monde. Je ne m’en suis pas privé. Et malgré notre histoire coloniale, les Français étaient aimés partout. Mai68 était passé par là. Heureuse époque !
La passion motivait les jeunes, et pas l’angoisse du lendemain. Ma génération a ainsi pu faire de grandes choses, loin du conformisme qui régnait alors.
1965, révolution culturelle de Mao Tsétoung en Chine, qui se libère de l’oppression médiévale pour entrer dans une autre, pire encore, le communisme chinois.
1966-67, révolution de la planète-jeunes aux States, contre la guerre coloniale menée par le gouvernement US en Indochine. Derrière la magnifique Jane Fonda, les étudiants ricains se baignent à poil dans le grand bassin devant la Maison Blanche, brandissant le slogan Paix au Vietnam.
1968, au mois de mars, sous l’impulsion de Dany le Rouge, alias Daniel Cohn-Bendit, les étudiants de l’université Paris X Nanterre se révoltent pour avoir libre accès aux dortoirs des filles. La révolte s’étend, devient révolution. Deux mois plus tard, en mai, les étudiants des grandes villes françaises prennent le pouvoir, non à l’Élysée, mais dans le cœur de la population progressiste.
Ce qu’on appellera ensuite les évènements de mai-68 devient contagieux en zones urbaines ou péri-urbaines. La télé, et surtout les radios indépendantes, RTL et Europe1, prennent parti pour la révolution. Le grand mot est lâché ! Tandis que les quotidiens de droite continuaient à parler d’émeutes estudiantines, la gauche et l’extrême gauche avaient opté pour le terme plus sérieux de révolution.
Oui, ça fait bien, on y croit davantage et pourtant ? Le mot révolution est emprunté au vacabulaire de l’astronomie, la terre effectue une révolution complète autour du soleil en 365 jours et 8 heures. Une révolution est donc une grande boucle qui finit par revenir à son point de départ. C’est exactement ce qui s’est passé.
Climat intolérable. Après le grand vent libertaire et son effet tornade blanche, l’air de Paris devient irrespirable. Faut tailler la route, ya urgence ! Les soixante-huitards deviennent routards et prennent leur vol loin de ce pays maudit, filant vers l’Inde, le Maroc ou le Canada.
Ma compagne et moi sommes partis en Chine, en Inde, puis tout autour de la grosse bille bleue. La fête tous les jours, des amis partout, la vie sans un sou, la route et le bonheur des jours.
Et tout ça, au fil des voyages et au gré des vents, sur les routes du monde ou dans ma Bretagne chérie, m’a mené au cœur de bien des dangers. Je les ai toujours traités avec respect, les ignorant absolument.
Puis vinrent, la plus naturellement du monde, les premiers mots de ce site qui s’est d’abord appelé les Maîtres de la Foudre, car mes voyages dans le Wiltshire, à Stonehenge et à Avebury, m’avaient fait voir les fabuleuses usines à foudres que savaient construire les mégalithiques.
Avec frénésie, endurance, travail quotidien –et grâce aux talents informatiques de mon fils Alexis– ce site a grandi, pris de l’ampleur et de la hauteur.
Et nous voilà ce soir…
En 1989, une idée géniale a sauvé mon agence de communication qui battait de l'aile...
C'est admirable ce que tu fais. Tu me permets d'avancer le gigantesque puzzle d'Eden Saga.
Deux siècles après sa mort, Heine reste un écrivain discuté, surtout dans son propre pays.
Dépêchez-vous, mangez sur l'herbe, un de ces jours, l'herbe mangera sur vous. (Jacques Prévert)
Les Mayas avaient gravée la date dans un codex qu'on ne sait plus interpréter
Le monde quantique n'a rien à voir avec l'ancien : on peut tout modifier, même…